Addis-Abeba, capitale d’un renouveau électronique.
Michael Seifu en est l’une des figures les plus exposées, notamment au travers de son dernier EP Zelalem. Sa recette musicale tient au mélange entre sonorités folk traditionnelles éthiopiennes et rythmiques UK garage et house. Le genre, appelé Ethiopiyawi Electronic, est assurément en train de faire du bruit et de dépasser ses frontières.
Dans les clubs undergrounds d’Addis-Abeba, au-delà des programmations mainstreams FM, les producteurs locaux mêlent donc sons folk traditionnels et beats post-dubstep et font de plus en plus de bruit. Les deux grands leaders du mouvement, Endeguena Mulu (AKA Ethiopian Records)
et Mikael Seifu (AKA Mic Tek), mettent à disposition leurs studios aux kids, les encouragent à absorber ce qu’ils entendent autour d’eux tout en les ouvrant à la culture électronique occidentale, de qualité bien sûr, piochant davantage chez Flylo, Burial et Kode9 que dans l’EDM infâme.
Le genre en lui-même vise à transformer des sons de lyre ou de luth, enfin plus exactement Masenko et Krar, les instruments des azmaris (les chanteurs traditionnels de folk ethipiens), en beats. Le genre prend donc racine chez les légendes de l’ethio-jazz (il convient ici de citer Mulatu
Astatke, Alèmayèhu Eshèté, Mahmoud Ahmed), avec une approche de télescopage de sonorités modernes. L’Éthiopie étant un pays à la diversité incroyable, avec 80 groupes ethniques et une quarantaine d’instruments locaux différents, qu’il s’agisse de percussions, de cuivres et de cordes, le folk éthiopien est incroyablement varié et devient une mine de samples sans limites.
Cette diversité de patrimoine musical et la manières brillante avec laquelle les musiciens de la nouvelle génération se les accaparent offrent au mouvement ethiopiyawi une pertinence réelle, qui ne se trouve pas uniquement dans la modernisation d’un héritage mais aussi dans une volonté de défricher, de faire résonner ces deux mondes musicaux vers la création d’un son nouveau. Mulu rêve ainsi de jouer sa musique en live avec des musiciens traditionnels. Mais pour cela le genre doit gagner en visibilité, aujourd’hui les labels sont encore frileux et seul un label de washington, 1432 R, a initié la publication des deux maîtres de l’Éthiopiyawi à la face du monde. Aujourd’hui le genre commence à connaître un peu de lumière.
Après l’Ep de Michael Seifu, cette mixtape d’Ethiopian Records est une excellente porte d’entrée dans le genre.