Une subtile comédie romantique allemande, et robotisée.
Si la science-fiction est un registre éminemment populaire, c’est sans doute en partie par sa part de prophétie, d’hypothèses sur nos futurs pas si lointain. Bien avant que nos foyers aient fait de la place aux Alexa, Ok Google et autres assistants vocaux, ou que nos intérieurs se soient truffés de systèmes domotiques censés être conscients, la SF avait intégré l’idée de l’intelligence artificielle. Généralement comme une menace pour l’espèce humaine, plus rarement comme son compagnonnage. À l’aube des années 2000, la thématique a pris un virage inattendu au cinéma, poussant la relation entre l’homme et la machine vers une étude des sentiments amoureux voire de la conjugalité.
Ainsi, on se souviendra du Her de Spike Jonze, relecture cybernétique de la romance ou du Ex-Machina d’Alex Garland pour sa vision d’un patriarcat 2.0. I’m your man s’essaie lui aussi à envisager des rapports de couple mais avec un point de vue plus rare : là où ce sont généralement des réalisateurs qui ont élaborés des théories, c’est une femme, Maria Schrader qui s’en empare.
Qu’est-ce que ça change ?
Au minimum, certains codes quand I’m your man inverse ce qui semblait être devenu dans les films cités et pas mal d’autres un principe narratif quasi robotisé imposant que les machines ont des traits ou des caractéristiques féminines. Ici, Alma, une trentenaire dans toute sa complexité humaine se retrouve à tester pendant quelques semaines un androïde conçu pour répondre à tous ses désirs, voire les devancer. Autrement dit être l’homme idéal. I’m your man bouscule l’algorithme des comédies romantiques lorsque Alma est réticente, se fait plus froide que les rouages métalliques du pourtant très séduisant robot, lequel se met à bugger devant l’impossibilité de remplir sa fonction.
I’m your man fait alors glisser les canons, impeccablement maîtrisés, de la comédie de mœurs vers une zone moins balisée, interrogeant les normes, qu’il s’agisse des questions de genre, de déterminisme de la quête du bonheur comme réussite sociale obligatoire. Schrader n’a pas de réponses toutes faites ; plutôt faire l’éloge d’imperfections humaines incompréhensibles pour les machines trop raisonnées, pour un film surprenant, doux, drôle et réfléchi, porté par une intelligence de propos tout sauf artificielle.