C’est la proposition d’Éric Corréia, conseiller régional de la Nouvelle-Aquitaine, de passage dans Plus Près De Toi ce mardi.
Il y a une dizaine de jours, le gouvernement faisait part de sa volonté de « contraventionnaliser » la consommation de cannabis. Deux députés, Éric Poulliat (LREM) et Robin Reda (LR), recommandaient en effet l’instauration d’amendes – de 150 à 200 euros – qui viendraient remplacer les condamnations prévues par la loi. Des condamnations qui pouvaient se solder par une amende de 3 750 euros et un an d’emprisonnement et qui nécessitaient une comparution devant un juge. La weed faisait aussi parler d’elle après la décision de l’INSEE de prendre en compte le commerce illégal de stupéfiants dans son calcul du produit intérieur brut (PIB).
En ce moment, le cannabis est partout. Et c’est ce moment qu’Éric Corréia, conseiller régional de la Nouvelle Aquitaine, a choisi pour lancer une idée : faire de la Creuse un département pilote pour la culture du cannabis thérapeutique. Il était de passage dans l’émission Plus Près De Toi ce mardi pour en parler : « Tout l’enjeu du cannabis thérapeutique est de faire en sorte qu’on puisse produire du chanvre, une plante, qui soit en teneur en THC diminuée afin de ne pas avoir la neurotoxicité du cannabis mais tous les autres effets médicinaux ».
Revitaliser la Creuse
Pour lui, la Creuse serait le département idéal pour lancer une telle initiative. « La Creuse est un département qui perd de la population, un département en déprise qui a fait l’actualité il y a quelques temps à travers une entreprise qui s’appelle GM&S, où 250 employés ont été licenciés. » Il poursuit : « Le président Macron nous a fait une proposition, se disant prêt à avoir un plan spécial pour revitaliser la Creuse. Il nous a demandé de faire des propositions innovantes même extralégales. » Les élus, les citoyens du territoire, le monde associatif se sont donc rassemblés afin de travailler sur des propositions. Éric Corréia en a profité pour avancer l’idée d’une région pilote pour la production de Cannabis à visée thérapeutique.
« J’en ai pris plein la figure »
Éric Corréia constate un changement de mentalité vis-à-vis du cannabis en France. « De plus en plus de Français ont dans leur famille ou dans leurs amis des gens atteints de cancer, de sclérose en plaques, de maladies dégénératives, et il se trouve que le cannabis atténue beaucoup leur douleur, accompagne leur fin de vie. » Bien que sa proposition lui ait valu quelques moqueries, « on m’a traité de rigolo, j’en ai pris plein la figure ».
Pour lui, il est temps d’autoriser pleinement l’usage du cannabis à usage thérapeutique, comme l’ont fait de nombreux pays dont la Suisse et l’Angleterre, « Aujourd’hui, il faut savoir qu’un patient qui a une sclérose en plaques, chez lui, on sait que le cannabis a des grandes vertus pour l’aider à mieux vivre, pour l’aider dans son bien-être de la vie quotidienne, il est obligé d’en produire de manière illégale pour sa propre consommation. Arrêtons cette hypocrisie, c’est un mal bien français. »
La Creuse sera-t-elle à la France ce que le Colorado a été pour les États-Unis, le premier État à avoir ouvert la voie dans le processus de légalisation du cannabis ? En tout cas, le projet d’Éric Corréia séduit déjà. « Depuis trois jours, j’ai plein d’appels de gens qui veulent venir s’installer en Creuse. À la fois pour s’installer et planter, ou pour venir y vivre. Certains agriculteurs sont prêts à produire. »
Visuel : (c) Wikipédia / Gilles Guillamot