20 minutes avec Mykki, de passage à Paris.
Depuis la sortie de son premier album en septembre dernier (et même bien avant en réalité, via ces deux mixtapes qui ont fait date), tout le monde raffole de Mykki Blanco. Pour de mauvaises raisons souvent (la hype qui engrange le mimétisme et la viralité potentielle), et pour de bonnes aussi, parfois. Parce que Michael David Quattlebaum Jr., aka Mykki Blanco dès qu’il s’agit d’enfiler les costumes de gala, incarne en effet une triple lutte qui ne semble pas devoir trop fragiliser encore les épaules de celui qui les supporte avec tant de panache. La différence renforce.
Ces luttes, elles concernent les droits de la communauté LGBT, d’abord, et queer particulièrement (Mykki, on le sait, se sape le plus souvent en femme) dont il est devenu avec le temps l’un des plus éloquents portes-paroles. Les droits des Afro-américains, aussi, et puisque le Californien évoque régulièrement dans ses textes les violences (policières, entre autres) faites à l’encontre des Noirs-américains dans le pays de l’oncle Donald. Les droits des séropositifs, enfin, puisque ce dernier a annoncé en juillet 2015 et via Facebook (où il se montre très présent et très intime) sa séropositivité de manière officielle. Icône progressive au sein d’un pays qui pourrait connaître dans les prochains jours une évolution régressive franchement inquiétante.
Tout le monde en raffole, on le disait. De la Red Bull Music Academy, qui l’a programmé récemment à sa RBMA annuelle (Folie’s de Pigalle, salle blindée, rouge et humide, très grosse ambiance) à Deezer, qui a profité de la venue de l’Américain en France pour lui faire tourner l’une de ses Deezer Sessions (à ce petit jeu-là, on peut mater aussi celle, récente, des Israéliennes d’A-Wa), session brutale, sombre et intimiste (les plans rapprochés donnent la sensation de la promiscuité) dans laquelle l’on retrouve l’interprétation de « Loner », de « Fendi Band », d’ « I’m In A Mood » et de « Hideaway », titres issus de Mykki, l’alter-ego décadent, queer, extraverti, et absolument libéré du brillant Michael David. C’est à mater ci-dessous, et c’est en avant-première mondiale sur Nova.