On part à la dérive toute la nuit avec Christophe.
Il est 18h, mais en heure christophienne, c’est l’heure du petit déjeuner. Christophe s’est réveillé il y a une heure à peine. Il m’a donné rendez-vous chez Bibi, sa couturière, qui, depuis des années, retaille tous ces tee-shirt noirs, tous les mêmes.Il en a 200. Juste à côté de l’atelier de Bibi, il y a le café égyptien d’Habib, qui fait le meilleur thé à la menthe du XIIIe arrondissement et du monde entier. À la dérive toute la nuit avec le dernier des Bevilacqua, les mots sont bleus, drôles, doux, on parle cash et de tout. On va faire un « film sonore » comme il dit, une ivresse nocturne qui résonne contre les murs de Paris. Si Christophe est un effet, Christophe est une reverb.
On roule et tourne les pages de sa vie, tranquilles à l’arrière du taxi le long de la Seine. Il aurait voulu être curé parce que ça sonne bien, il a refusé la légion d’honneur parce ça sonne faux. Il aurait aussi pu être acteur, couturier, vampire. Il a été bluesman à 16 ans dans les caves de Saint Germain, il chantait John Lee Hooker en Yop. On roule vers chez Jacqueline Schaeffer, la veuve du compositeur et ingénieur Pierre Schaeffer. Direction le Palais Royal. Dans les rues, on s’est perdu, à la recherche du numéro 13. Enfin arrivés dans le bel appartement de Jacqueline, on a fait tourner le son, sa matière, son histoire. L’atmosphère est devenue électro-acoustique et les objects, musicaux. Le beaux bizarre est un écho, un spectre sonore. À la dérive continue en voiture avec Saint Christophe, pour la quatrième saison.
La suite de l’entretien sera diffusé dimanche 15 septembre à 18h.
Visuel © Christophe