La légendaire Marlena Shaw, connue grâce à son tube « California Soul », est décédée ce vendredi, « paisiblement » selon sa fille. Retour sur une carrière brillante.
C’est par son oncle trompettiste que la jeune Marlena Burgess entre dans le monde de la musique. Celui-ci lui fait découvrir les disques des plus grands, tel que ceux de Miles Davis ou de Dizzy Gillespie. En 1952 — elle a à peine 10 ans — son oncle lui permet de l’accompagner sur scène. Elle se retrouve à ses côtés sous les projecteurs de l’Apollo Theater de New York.
Elle étudie ensuite brièvement la musique à l’Université de Potsdam, avant de devoir arrêter pour s’occuper de ses cinq enfants. En 1963, elle accompagne quand même le trompettiste Howard McGhee et son groupe sur scène. Censée participer au renommé Newport Jazz Festival, à Rhode Island, une dispute avec un membre du groupe la pousse à partir. Elle chante ensuite dans des petits clubs jusqu’en 1966. Une maladie lui ôte même l’usage de la voix un mois durant, la forçant à communiquer par écrit.
C’est donc en 1966 que sa patience paie et que sa carrière décolle. Elle signe chez Cadet, label rattaché à Chess Records, la maison de disque orientée blues qui a notamment signé Howlin’ Wolf et Chuck Berry.
C’est son deuxième album, Spice of Life, qui la propulse au sommet. On y retrouve entre autres deux titres qui deviennent rapidement des classiques : « California Soul », quasi-hymne de l’État du sud des États-Unis, et « Woman of the Ghetto », critique sociale dans la lignée du mouvement pour les droits civiques, dans lequel elle parle de la condition des femmes noires.
Sa carrière est loin de s’arrêter là. En 1972, elle est la première femme à signer chez le plus grand label de jazz de l’époque, Blue Note Records. Sa carrière connaît ensuite un second souffle avec un grand tube de la période disco, la reprise de « Touch Me in the Morning » de Diana Ross.
Dans les années 90 et 2000, elle continue à sortir des albums régulièrement, le dernier, Lookin’ For Love, datant de 2004. Un nouveau public la découvre dans ces années-là, étant souvent samplée par de nombreux artistes. On pense notamment à « Check The Technique » de Gang Starr.
Ses performances scéniques ont aussi grandement contribué à sa réputation. Marlena Shaw mélangeait standards du jazz et compositions originales, le tout en se baladant entre soul, pop et jazz. De nombreux interludes humoristiques ponctuaient également ses shows.
C’est dans la nuit du 19 janvier 2024 que la diva s’est éteinte, entourée de sa famille. Un départ paisible selon la vidéo publiée par sa fille sur Facebook.