À Lyon, le temps d’un poème sonore inédit, cette musicienne de pop futuriste défie la Faucheuse, dont elle entend combattre la bêtise « par vitesse, par intelligence, dans la confiance naïve que donne le fait d’aimer et d’être aimé.e ».
« Je connais une planète où tout le monde est bête, les êtres y sont méchants, corrompus et violents. C’est la Terre, son nom, je crois. (…) Les hommes s’allongent par grappes, au milieu des boulevards, ils ne claquent pas les dents, ils mordent la mort jusqu’au sang, ça les délivre du mal, ça les soulage de la peur, de leurs peurs. » En 1976, le sémillant moustachu Pierre Vassiliu (1937-2014), barde de la convivialité et de la liberté sexuelle, adaptateur rigolo de Chico Buarque (Qui c’est celui-là ?), signait une chanson assez déchirante : Alentour de lune. Brève peinture d’un paysage post-apocalyptique, celui d’après les bombes, chantée d’une voix presque enfantine, par un homme à guitare triste qui nous regarde depuis l’espace.
« On ne perçoit pas toujours chez lui cette discrète mélancolie d’une utopie lointaine à vivre ici et maintenant, auprès de ceux qu’on aime », rappelait en 2018, dans Libé, Agnès Gayraud, dans sa chronique du premier volume des rééditions de Vassiliu chez Born Bad, via les compilations de Guido Cesarksy. C’est ainsi que cette musicologue et musicienne, connue sous le nom de La Féline, découvrit la jolie ballade lunaire – qu’elle reprend et qui donne aujourd’hui son titre à son nouvel EP paru début octobre chez Kwaidan Records, satellite (remix, inédits) de son superbe troisième album Vie future (2019). Une larme gelée dans la gorge, Agnès conserve le chagrin de Pierrot, ajoute un léger groove robotique, des chœurs et des claviers qui grattent un peu notre époque… pré-apocalyptique.
« »Faites-vous la belle vie dont vous avez envie. » Il paraît que c’était la devise de Pierre Vassiliu… », écrivait-elle encore dans Libé. Vivre mieux, plus loin, plus fort : c’est la tonalité du poème sonore inédit que La Féline nous adresse ici, depuis Lyon, accompagnée – à « l’accordéon-drone » – de son complice Xavier Thiry. Entre deux bip-bips du célèbre coucou désertique de la Warner, La Féline défie la Faucheuse. « Demain, je prouverai la bêtise d’être tué.e par la mort. » Mais comment ? « Par vitesse, par intelligence, dans la confiance naïve que donne le fait d’aimer et d’être aimé.e. » Beau programme, le seul qui compte à vrai dire, à retrouver sur scène à Hyères le 30 octobre, ainsi qu’à Tarbes le 7 novembre.
Pour écouter l’EP Alentour de lune, c’est ici : https://lafeline.bandcamp.com/album/alentour-de-lune-ep
Pour écouter La Féline évoquer les « génies démocratiques » de la pop au micro de la Nova Book Box, c’est là : https://www.nova.fr/?p=28015
Image : Le Septième sceau, d’Ingmar Bergman (1957).