Cette semaine, La Potion s’invite dans l’univers du musicien colombien Teto Ocampo, qui défend depuis 25 ans les trésors musicaux, les mystères rituels et la cosmogonie des communautés indiennes de Colombie, du Cauca à la Sierra Nevada en passant par le Putumayo. Rencontre en marge de son concert avec le collectif Mucho Indio à Pantin, dans le cadre de la 40e édition du festival Banlieues Bleues.
Teto Ocampo est musicien, il vit, compose et enseigne à Bogotá. Il porte des cheveux longs, des petites lunettes d’érudit rêveur, une grosse barbe poivre et sel et un sac tissé en bandoulière dont dépasse toujours une flûte en roseau. Teto Ocampo, c’est surtout le secret sonique le mieux gardé de Colombie. Considéré comme le pionnier du renouveau musical colombien dans les années 80/90, Ernesto Dumas Ocampo Yepes de son vrai nom s’est ouvert toutes les portes en mettant ses talents d’arrangeur au service du célébrissime Carlos Vives, puis en fondant El Bloque, célébré par le New York Times comme « le meilleur groupe de rock de l’an 2000 » et repéré par David Byrne qui signe alors le groupe sur son label, Luaka Bop. À l’époque, quand il n’est pas en tournée, Teto joue avec une multitude de groupes qu’il monte et démonte au gré des rencontres, frayant avec les rockeurs et les jazzmen de Bogotá au Matik-Matik, lieu emblématique des rebelles et des avant-gardistes de la capitale colombienne. Mais au destin de hype et de célébrité qui s’offrait à lui, Teto Ocampo a finalement préféré l’exploration des trésors et des mystères ancestraux des traditions musicales des communautés indiennes de Colombie, du Cauca à la Sierra Nevada en passant par le Putumayo. Une démarche holistique voire écologique ; une quête musicale, culturelle, politique et bien sûr hautement spirituelle qui dure depuis bientôt 25 ans et qui a conduit Teto Ocampo à fonder Mucho Indio en 2008 à Bogotá, un collectif qui s’attache à valoriser, préserver et transmettre la musique des peuples Nasa et Arhuaco dont la culture est malheureusement menacée par le capitalisme, le racisme, l’exode ou encore la destruction de l’environnement.