On sait qu’il y en a qui sont un peu ouf de chocolats, voir un peu accro… Mais jusqu’à faire la queue 10h d’affilée devant une chocolaterie ? C’est le phénomène dingue que le chocolat Dubaï a pourtant réussi à initier. Ça vient de… Dubaï, et c’est peut-être un des meilleurs coups de com’ des Émirats arabes unis, qui réussirait presque à lisser (et sucrer) l’image du pays.
Même pour ce Black Friday de novembre, on aura rarement vu ça, et Dieu sait comme la surconsommation fait faire des dingueries aux humains. Des files interminables devant les boutiques, des temps d’attente qui pouvaient atteindre la dizaine d’heures… Et non, ce n’était pas pour le nouvel iPhone, mais bien pour une simple tablette de chocolat.
Le chocolat Dubaï : un succès digne de Willy Wonka
Le nom de cet objet de toutes les convoitises ? Le chocolat Dubaï. Une histoire à la Willy Wonka, tout aussi effrayante que la fièvre consommatrice que cette sucrerie a initiée. Aux premiers abords, le chocolat Dubaï semble être une tablette ordinaire. Sauf que lorsqu’on en brise un morceau, il s’en échappe une pâte verte à la pistache, avec un petit twist : à l’intérieur sont incorporés des cheveux d’anges, qui rend la tablette un peu croustillante.
La recette vient tout droit de… Dubaï, comme son nom l’indique, et ce chocolat est vendu depuis 3 ans chez Fix Dessert Chocolatier. C’est cher, très (trop) cher : la tablette se vend à 25 dollars. Mais que voulez-vous, c’est Dubaï.
Mais d’où vient cette popularité ? De TikTok, bien évidemment
Désiré par tous, le fameux chocolat Dubaï ne se vend néanmoins que dans sa ville d’origine. Comment est-ce donc possible qu’il affole autant à l’autre bout du monde ? Preuve de son incroyable popularité, cette semaine, un homme d’une trentaine d’années a été arrêté par les douanes allemandes, à la frontière suisse, pour avoir voulu faire entrer dans le pays 45 kg des précieuses tablettes, répartis dans 243 cartons. De la même façon qu’une pièce de collection ultra-limitée, le chocolat Dubaï se revend plus de 100 euros sur eBay et autres sites de revente. Soit presque dix fois son prix d’origine.
Et, comme souvent, le responsable derrière le succès ravageur du chocolat Dubaï, c’est TikTok. La vidéo de l’influenceuse culinaire BEVO, postée il y a près d’un an sur le réseau sociale, a été vue plus de 100 millions de fois et serait, dit-on, à l’origine de la hype.
Répliques, surconsommations, reventes : le chocolat de tous les excès
Résultat : tout le monde veut maintenant surfer sur la popularité virale du chocolat Dubaï. Des centaines de pâtissier‧es, professionnel‧les et même amateur‧ices tentent d’imposer leur version de la recette. Même le géant Lindt s’y est mis, en Allemagne et bientôt en Autriche.
Interviewé par l’AFPTV, Leon Fähnle, un étudiant allemand de 18 ans, racontait avoir attendu 10 heures devant une boutique pour pouvoir acheter l’une des 1000 barres numérotées, qui n’étaient dispersées que dans dix boutiques du pays seulement. Yannick Burkhard expliquait avoir 3 heures de queue à Stuttgart pour choper des tablettes à revendre plus cher sur internet… « C’est de l’argent facile à gagner. Je n’aurais jamais payé cette somme pour en manger moi« , lançait le jeune homme.
Des vendeurs de crème de pistache ont assuré être dévalisés, et de son côté, le chocolatier français Jeremy Bockel s’est dit complétement estomaqué lorsque début novembre, sa version du chocolat Dubaï s’était écoulée en quelques instants au salon du chocolat de Paris.
Pour les Émirats arabes unis, un outil de soft power inespéré
Surtout, cette hype sucrée autour de Dubaï arrange beaucoup les Émirats arabes unis, qui l’exploite pour en faire un outil de soft power efficace. Ainsi, le prince héritier et ministre de la Défense Hamdane ben Mohammed Al Maktoum a déjà annoncé une nouvelle variété exclusive du chocolat chez Fix Dessert Chocolatier.
Un bon mouv’ pour lisser l’image d’un pays où les droits humains sont souvent bafoués, la liberté d’expression limitée et la mesure inexistante. À Dubaï, ville connue pour son luxe ostentatoire et sa débauche énergétique, on installe des pistes de ski au milieu du désert. La liste des excès pourrait encore continuer longtemps… Finalement, soutenir le chocolat Dubaï, c’est aussi apporter un soutien indirect au fonctionnement et dérives des Émirats arabes unis. Bon appétit !