Intello, donc forcément indépendant ?
Si vous posez la question « à quelle catégorie appartient le groupe Sonic Youth ? » On pense rock américain oui, mais aussi Grunge, Punk, Indépendant, Noise, Hardcor , Folk électrique , Cold wave, Psyche, Experimental…Avec des traces de Pop, de Rap d’Underground, d’Arty ! Et s’ils avaient pu faire du jazz ou du Classique…
Et voilà comment de 1981 à 2011, ce groupe insaisissable a gardé une réputation de grand représentant du Rock Indé américain. Eternels adolescents – bien que tous se marient, parfois entre eux et évoluent -, qui touchent à tout et par conséquent sont auréolés d’une réputation de cerveaux, donc de génies.
Je n’ai rien contre Sonic Youth et leurs bandes de potes fureteurs et curieux, au contraire, mais je suis frappé par cette soif de genres, d’essais, de collaborations autour d’un pauvre quatuor à guitares. Chapeau aux artistes !
Le livre de Mathieu Thibault raconte cette longue histoire par le menu : 30 années de tentatives, d’influences, de références, d’échanges autour d’un Rock Lâché, planant ou incisif, aéré ou bruyant. On admire ce qu’on ne cerne pas.
Mais ce serait eux, les Sonic Youth qui seraient normaux ? Ils ont vécu, aimé, partagé tout ce qui s’est passé avant et pendant leur travail. Et ce serait ceux qui ne varient pas ou restent dans leur chapelle qui seraient fous, ou ignorants, ou imperméables ? La création est plus paradoxale que ça. L’auteur également du livre, me stupéfie : comment fait on pour savoir autant de choses, les moindres histoires de managers, d’attachés de presse, de contrats, sans compter la description de presque chaque morceau ou ambiance de ce kaléidoscope assez monstrueux au final ? Jeunesse sonique est une hydre aux multiples têtes.
L’écoute des disques est un moment agréable qui n’éclaircit rien. Pas de direction , pas de genre, mais comme de longues répétitions ou chaque membre prend le manche, puis s’efface . Riffs, phrases ou cris psalmodiés, entre rêve et cauchemar, entre Punk et Hippy selon le feeling.
On doit rendre hommage à ceux qui ne figent rien. Qui ne s’installent nulle part. La liste des groupes, dans leurs références est interminable . De Einsturzende Neuboten à Madonna ! et De Lydia Lunch à Joni Mitchell. Plus de 30 grands noms du Rock ont réellement servi à Sonic Youth dans leurs morceaux .
Mais aussi des mixes, des samples à n’en plus finir et une folie de cassettes audios comme gadget de base, traces de sons, souvenirs et collectors ? Facile à trafiquer, à vendre, à reproduire. Module de base pour musicien fauché, ou souvenir fétiche des débuts ? Si cool et naturel pour les fans du groupe .
Quant à Kim Gordon , la fille du groupe, la blonde, l’épouse , la hippy : sorte de Patti Smith , mâtinée de Lydia Lunch ou de Ari Up ( Slits) mais finalement aussi , on pense à toutes les Chrissie Hynde du Rock, dès qu’une fille pas mal tient une guitare, mais celle là a su – mieux que les autres – capter les médias en douce .
Elle est venue de l’Art, apporter au Rock une nouvelle attitude. Mais un peu trop de mode, pour sa belle gueule. L’ exhibitionisme tue autant que la dope. Mais on accorde toujours au Rocker le naturel et le culot, même si Miss Gordon a quand même mangé à tous les rateliers.
On est presque obligé d’aimer Sonic Youth, mais ils ne peuvent pas rafler toutes les médailles. Trop d’influences et d’emprunts tue le style, ou le dilue. Et sur la question de l’ Art , l’Amérique est encore très endettée*.
SONIC YOUTH par Matthieu Thibault . Editions le mot et le reste . 288 pages .21E
*Entendez par là que le pillage de l’Europe continue. Le marketing américain sait prendre, vendre et faire oublier l’origine des idées.