Passage en revue des hymnes anti-Margaret Thatcher
La grande dérégulatrice Margaret Thatcher n’est plus.
Radio Rebelle, la culture anti-Maggie !
On recontextualise un peu : l’ Angleterre est en pleine reconstruction, ruinée par le chômage, la guerre des Malouines, la crise économique et les grèves de mineurs, et Thatcher n’était guère aimée par les groupes punk et gauchistes. A elle tout seule, la Dame de Fer a inspiré une flopée d’œuvres engagées, entièrement cultes aujourd’hui.
Alors que le punk imprègne les années 70 de ses textes boueux et violents, The Clash vient frapper la même année que Margaret Thatcher.
1979 : elle arrive au pouvoir en tant que Premier ministre britannique, tandis qu’eux nous balancent cet éternel hymne que sera « Guns of Brixton ». Une bombe ténébreuse et menaçante qui scande la montée des tensions entre la jeunesse et les flics, dans un pays toujours plus conservateur. A (ré-ré-ré)écouter d’urgence – je m’en voudrais toute ma vie si je ne vous la mettais pas.
Dans la foulée, et parce que le quatuor britannique évoque irrépressiblement la B.O de « Billy Elliot » (le film anti-Thatcher de Stephen Daldry, où la situation des mineurs vous pousserait à verser une larme), il y a The Jam. En 1982 sort « Town Called Malice », un tube autant super-boogie qu’acéré !
Deux ans après son arrivée au pouvoir, Maggie s’est aussi trouvé des copains en la personne des Specials. Elle avance l’heure de fermeture des pubs et des clubs à 2 h du matin, ce qui donne naissance au très bon « Ghost Town ». « Cette ville devient une ville-fantôme, tous les clubs ont fermé… les groupes ne joueront plus, trop de bagarre sur la piste de danse », déplore la chanson.
Acharnement et insultes cash
Il y en a qui s’opposent frontalement à Margaret Thatcher. Ceux qui n’ont pas peur de se mouiller et l’insultent personnellement.
Iron Maiden, pour son single Sanctuary en 1980, agrémente sa pochette de la ministre poignardée par un des charmants zombies représentatifs du groupe, pour avoir arraché une de leurs affiches.
En 1982, les punk-anarchistes de Crass (c’est un nom qui ne s’invente pas) demandent gentiment à celle qui gérait la Guerre des Malouines « ça fait quoi d’être la mère d’un millier de morts ? Tu n’as jamais voulu la paix, depuis le début tu cherches la guerre et les destructions », dans la chanson « How does it feel ».
La même année et pour les mêmes raisons, Elvis Costello chante « Quand l’Angleterre était la putain du monde entier, Margaret en était la maquerelle », dans sa chanson « Tramp the dirt town ».
Enfin, sans enfiler de gants mais sur une musique un peu plus sereine, le chanteur britannique Morrissey scande à plusieurs reprises « Quand allez-vous mourir ? Mourrez s’il vous plait » dans « Margaret on the Guillotine » sorti en 1988. Plus lassé qu’autre chose, l’ex-Smiths.
A la Française
Les poètes sont partout. En 1985, après le drame du Heysel (Belgique) qui cause 39 morts dans un stade, notre Renaud national couche sur le papier les paroles de « Miss Maggie ». « Moi je me changerai en chien si je peux rester sur la Terre/ Et comme réverbère quotidien / Je m’offrirai Madame Thatcher».
Le chanteur ne manque pas de l’interprèter en anglais, quelques temps après, pour bien se faire comprendre outre-manche.
On en oublie évidemment pas mal, de Dire Straits (« Iron Hand »), à Public Enemy (« Prophets of Rage »), en passant par les Dead Kennedys, mais jusqu’ici, elle a déjà pris plutôt cher. Laissons-là se reposer en paix, où comme le suggère Ken Loach privatisons ses obsèques… Maintenant, Morrissey doit être soulagé.