Les poussées racistes et nationalistes vous rendent vert ? Virée déboulonnante dans l’utopie d’« Afropea » de Léonora Miano, sur les conseils d’Anne-Bénédicte Lebeau, libraire à Montpellier.
« Un continent fictionnel permettant d’explorer, à travers la musique, l’influence des cultures africaines sur la sensibilité européenne. » Dans son essai publié en septembre aux éditions Grasset, l’écrivaine franco-camerounaise Léonora Miano, 47 ans, rappelle que le terme Afropea, qui donne son titre à l’ouvrage, est une idée du cofondateur des Talking Heads, David Byrne, au début des années 90. En témoigneront trois albums intitulés Adventures in Afropea, sur son label Luaka Bop, avec la complicité du groupe belge Zap Mama, formé par Marie Daulne avec sa sœur Anita. Puis « l’idée échappe à son concepteur » et des « Européens d’ascendance subsaharienne se l’approprient pour nommer (…) le mouvement de leur identité », car « la rencontre entre les peuples n’a laissé intacte aucune des parties ».
Jusqu’à la réouverture complète de leur boutique, L’Arche de Nova donne la parole une fois par semaine à des libraires – qui cueillent dans leurs rayons leur vision d’un futur désirable. On commence avec La Géosphère, librairie de voyage et de littérature étrangère située au 20 rue Jacques-Cœur à Montpellier, aujourd’hui représentée par Anne-Bénédicte Lebeau, qui s’est immergée dans l’utopie post-raciale, post-occidentale et post-capitaliste de Léonora Miano. « Demain, dit-elle, on se choisira une Marianne amérindienne née en Guyane qui trônera dans toutes les mairies de France. Tout le monde connaîtra le nom de Severiano de Heredia, métis cubain élu maire de Paris en 1879 avant de devenir ministre des travaux publics. Et les statues déboulonnées de Colbert seront remplacées par celles de la Martiniquaise Aïcha Goblet, actrice et chanteuse très populaire des années folles, muse de Matisse ou de Man Ray. » Arrêtons d’écouter les affreux pénibles. Vive les Afropéens !
Pour cueillir les livres de La Géosphère : https://librairiegeosphere.com/
Image : Zap Mama, photographiée par Vincent Soyez.