Qui ose toucher à nos Döner kebabs ? La Turquie veut mettre un label sur le précieux sandwich. L’Allemagne, au kebab business florissant, s’y oppose. C’est la guerre du kebab.
Pour se lancer dans la lecture de cet article au mieux, Thierry Paret nous a dégoté un track tout à fait approprié : « Mange Du Kebab« . Si vraiment il vous plait, le clip est en fin d’article.
Début d’un conflit autour du patrimoine culturel. La Turquie a déposé en avril dernier une demande officielle de labellisation du Döner kebab auprès de l’Union européenne, afin de faire reconnaître ce mets si populaire dans le monde entier comme une marque. Mais cette requête s’est retrouvée sous le feu des critiques de l’Allemagne : le pays parle d’une réappropriation, voire d’un vol.
À bas la dictature du kebab
Si le torchon brûle entre les deux pays sur le devenir du kebab, c’est parce qu’une labellisation du fameux sandwich se traduirait par l’obligation de suivre une recette très précise et stricte qui justifierait l’appellation « Döner kebab ». Finie, la liberté, la surprise, les recettes secrètes de vos kebabs préférés. C’est la dictature du kebab qui nous guette. Or, en Allemagne, les recettes sont particulièrement variées. Surtout, au-delà même des multiples variétés du sandwich, il s’en vend quatre fois plus que les hamburgers.
La crise économique du kebab en vue ?
Il faut dire qu’en Allemagne, le kebab est une véritable institution. Il est même désigné comme le premier plat national allemand, devant la choucroute ou le jarret de porc. On le constate jusqu’en France, ou les files d’attentes s’allongent devant les nombreux « Berliner Kebab« . Résultat, les autorités allemandes sont montées aux barricades pour dénoncer une atteinte à leur identité culturelle gastronomique, susceptible de bouleverser l’économie prospère du Döner kebab. Car en définitive, si la troisième puissance économique mondiale est si remontée, c’est d’abord en raison des enjeux financiers du secteur déjà durement frappé, comme le reste, par l’inflation. En Allemagne, la vente de kebabs (qui représente environ 7 milliards d’euros par an) a même fait l’objet d’une proposition de loi de Die Linke, l’extrême gauche, pour en plafonner les prix. C’est dire sa popularité.
Verdict d’ici 6 mois
Pour le moment, Bruxelles joue la montre. L’Union européenne, qui devait se prononcer fin septembre, vient de donner six mois à l’Allemagne et à la Turquie pour trouver un éventuel compromis, faute de quoi elle tranchera dans le vif comme on tranche la viande. C’est une question d’honneur… kebab…