Ce court métrage est le grand gagnant de Clermont Ferrand. Ca tombe bien nous l’avons adoré aussi.
Alors voilà, imaginez-vous un plan fixe sur une image, géante, qui représente la place Tian’anmen. On a presque l’impression qu’il s’agit de la vraie place en Chine, mais on se rend compte rapidement qu’il s’agit en fait d’une photographie grand format.
Devant cette image figée et grandiose, qui est le fond d’écran de cette scène, une famille tibétaine s’installe, en costume. Tout le monde est là – les enfants, les adultes, les grands parents. Un metteur en scène leur indique la place à prendre, plus à gauche, plus à droite. On comprend que la voix principale n’est pas un deus ex machina, mais un photographe, et qu’il s’agit là d’un portrait de famille en bon et du forme.
1, 2, 3 – souriez.
La photo est prise. Et là, la place tienanmen disparaît remplacée par un intérieur traditionnel. La famille rend ses costumes, paye le photographe et récupère le portrait. Et c’est une autre famille qui vient prendre place. On se demande s’il s’agit d’une cérémonie dans laquelle officie ce photographe, mais avec le défilé de visages, de couples, d’enfants qui se succèdent on comprend que non. D’ailleurs il n’y a pas que les gens qui changent, il y a aussi le fond vert – nous voilà maintenant sur la grande muraille de Chine. On passe, en un coup de manivelle, de la place tienanmen au Disneyland de Hong Kong, en passant par une île paradisiaque et une rue bondée de la ville.
Sorte de portrait grand format et libre d’un peuple tibétain, ce film est une ôde aux images. Et tout ce que vous avez pu vous imaginer jusque là n’est rien par rapport à la photographie de ce film, « La lampe au beurre de Yak », de Hu Wei, présentée ici en compétition officielle.
La beauté de ce film vient de ce qu’il nous fait voyager avec des plans fixes, avec un cadrage extrêmement serré qui ne nous permet pourtant d’envisager tout ce qui se passe en dehors de ce studio photo improvisé et éphémère.