Les deux hommes avaient travaillé ensemble sur l’album « Tékitoi ».
Bouleversé, comme beaucoup d’autres, par la disparition de Rachid Taha, Brian Eno, le producteur et compositeur anglais qui contribua notamment a l’émergence de la musique ambiant, pris la plume afin de saluer, une dernière fois, cet artiste avec qui il avait eu l’occasion de travailler sur l’album Tékitoi, paru en 2004. Une lettre que l’on vous retransmet intégralement :
« Cher Rachid.
C’est si triste d’apprendre qu’il est parti.
Je vais regretter ses longs coups de fil au milieu de la nuit en trois langues, deux que je ne comprenais pas vraiment, et la dernière que je ne parlais pas vraiment. Après s’être aventurés du côté de l’arabe et l’anglais, on finissait irrémédiablement par parler un français populaire aux accents nord-africains… il me saluait généralement d’un “Ciao Habibi ça va cool…“.
Toute sa personnalité était résumée dans son usage de la langue ; un collage en constante mutation de toutes les choses qui constituaient une vie unique.
J’ai rencontré très peu d’êtres qui possédaient la force de vie, la générosité d’âme et l’espièglerie de Rachid.
Je partage la peine de sa famille, sa famille de sang, mais aussi celle de tous ceux qu’il a traités comme ses propres frères et soeurs, comme il l’a fait avec moi.
Nous ne l’oublierons jamais. »
Visuel : (c) affiche de la tournée Bring the Troops home