Sidérés par l’annonce de la séparation des Daft Punk, n’avez pas vu venir la plainte en diffamation déposée mardi par le rappeur Médine contre la Député LREM Aurore Bergé après que le MC havrais a récemment été qualifié de “rappeur islamiste” par la député macroniste sur LCI. Un positionnement dont se défend celui qui évoque « une liberté d’expression à géométrie variable » au fil de Voltaire, un des titres de son dernier opus paru à l’automne.
Le Voltaire dont il nomme son morceau est connu pour avoir dit, clamé, crié ou écrit : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire ».
Je sais, au réveil, j’aime étaler ma confiture sur la tartine de votre petit dej’. Cette sentence-tarte à la crème de la bien-pensance qui permet à nombre de débatteurs de marquer leur désaccord tout en soulignant leur caractère tolérant, ouvert d’esprit, serait un fait d’arme de plume du sieur Voltaire. Sauf qu’à en croire de nombreux érudits, François-Marie Arouet, plus connu sous le blaze de Voltaire, ne l’aurait jamais dite, clamée, criée ou ne serait-ce qu’écrite. Elle ne figure en tout cas pas dans la lettre à l’abbé Le Riche où elle est censée se trouver et dans aucun autre document. Notre philosophe des Lumières et écrivain n’était d’ailleurs pas loin de penser le contraire, surtout si l’homme à la plume ou au porte-voix était journaliste. On ne lui en voudra pas. La guéguerre entre gens de plume, entre penseurs et commentateurs est bien plus ancienne encore. La sentence aux allures de cache-sexe n’en est pas moins belle et demeure un rempart à quelques ravageuses tentations à ne plus parler que d’une seule voix. Et puis au final quoiqu’on déblatère, c’est toujours la faute à Voltaire.