Les Ben Laden savent (aussi) construire des tours
Islam et capitalisme ne sont pas contradictoires aux yeux de tous les Ben Laden. En témoigne le gigantesque chantier d’élargissement de la Mosquée sacrée de la Mecque (Haram al Masjid) – le sixième en son genre, et de loin le plus important, depuis l’arrivée au pouvoir des Al-Saoud au XVIIIe siècle. Le groupe de construction de la famille Ben Laden, le Saudi Binladin Group, réputé proche du pouvoir royal, pilote les travaux.
Destruction de galeries ottomanes
Présenté par les autorités du royaume wahhabite comme un agrandissement indispensable à l’accueil des quelque 3 millions de pèlerins qui se rendent chaque année dans la ville sainte pour le Hajj, ce projet pharaonique va entraîner la destruction de galeries, dites ottomanes, datant du XVIe siècle.
Certaines colonnes datant carrément du VIIIe siècle vont même être rasées. Pas question pour autant de faire (complètement) table rase du passé. Les entrepreneurs prévoient de reconstruire les dites galeries à l’identique, mais plus loin. Un vœu pieux que d’aucuns considèrent déjà comme une intolérable destruction du patrimoine culturel et cultuel du pays.
100.000 euros le mètre carré
Etant donné le nombre de décès et de maladies contractées chaque année lors du pèlerinage (42 décès et 40.000 personnes infectées cette année), la nécessité d’agrandir la Mosquée n’est sans doute plus à démontrer. Reste que les philanthropes du bâtiment, aka la Fonky Ben Laden Family, ont moins en tête l’élargissement de l’esplanade centrale – élargissement qui devrait quand même permettre de décupler la capacité d’accueil du lieu – que la construction de nouvelles tours aux abords de la mosquée.
Quand on sait que le prix du mètre carré y avoisine déjà les 100.000 euros, on comprend tout l’intérêt d’un tel projet gentrificateur.