Alerte rouge : les radios asso se mobilisent contre les coupes budgétaires drastiques prévues par le Projet de loi de finances 2025 sur le secteur associatif. Et ce ne sont pas les seules victimes.
C’était vendredi dernier : Rachida Dati avait rendez-vous avec les syndicats des radios associatives (CNRA et SNRL). À priori, ce n’était pas pour échanger de joviales tapes dans le dos puisque les radios asso’ craignent pour leur survie. Et pour cause : le Projet de loi de finances 2025 risque d’en achever beaucoup !
“Un vrai coup de guillotine”
Présenté il y a un peu plus d’une semaine, le projet de loi de finances 2025 a commencé à être étudié par les députés et pourrait même être voté à coup de 49.3. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a jeté un petit froid sur le secteur des médias associatifs. En effet, le gouvernement a annoncé une réduction de 35% du Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER). Concrètement, c’est une perte de plus de 10 millions d’euros pour les quelques 750 radios associatives que l’on compte en France. Si on divise, c’est – 13 300 par radio. Pour elles, “Il ne s’agit pas, ici, d’un rabot économique, mais d’un vrai coup de guillotine”.
Sensibiliser le public
Les coupes se traduiraient matériellement par moins d’heure d’antenne, moins de programmes, voire dans certains cas la fermeture définitive de la radio, puisque beaucoup ne tiennent déjà qu’à un fil (rappelons que les radios associatives tournent grâce à d’innombrables bénévoles, et seulement quelques salarié‧es, l’argent étant loin de couler à flots). Des pétitions, manifestations et campagnes de sensibilisation ont vu le jour depuis. L’objectif : alerter l’opinion publique et les pouvoirs publics sur les enjeux de cette décision. Comme l’alerte de Radio Prun’, la plus grosse et historique radio associative nantaise (très cool, au demeurant), flanquée d’un hashtag « touche pas à la radio de mon territoire ». Deux députés écologistes ont promis aux radios associatives de déposer deux amendements pour contester la coupe budgétaire.
L’Etat récupère son cadeau du covid au CNC
Les radios associatives ne sont pas les seules à être touchées par les coupes budgétaires. L’État a notamment décidé d’aller piocher dans la trésorerie du Centre National du Cinéma (CNC) qui se voit amputé de 450 millions d’euros. C’est plus de la moitié de la trésorerie totale et c’est la somme identique à celle que le CNC avait reçu durant la crise du Covid-19. L’impact de cette coupe est à mesurer cependant : d’après Olivier Henrard, président par intérim du CNC, cela n’affecterait pas le budget, donc la capacité d’action, les aides, etc.
Adieux, “Mondes Nouveaux”
Autre disparition notable du budget : l’ambitieux dispositif de soutien aux artistes, qui avait été lancé en 2021 par Rima Abdul Malak. Baptisé “Mondes Nouveaux”, le projet consistait en un concours sélectif, avec à la clé des bourses pouvant aller jusqu’à 10 000 euros et la possibilité d’exposer en musée. Certains ont pu donc bénéficier d’un coup de projecteur bienvenu, comme l’œuvre de la plasticienne Gaëlle Choisne, Monument aux vivant·e·s, qui se trouve au Musée National de l’Histoire de l’Immigration.
Le reste…
Pour ce qui est du reste, le premier projet de Budget 2025 dédié à la culture consacrerait un tiers de ses moyens pour le patrimoine (32 %), un tiers pour le spectacle vivant (28 %) et 18 % pour les effectifs du ministère. Le reste se divise entre 10 % pour le Pass culture et 7 % pour l’enseignement supérieur culturel.