Ce matin profitant que le loup n’y est pas, je vous emmène dans un bois au Sud de Toulouse, dans un petit bois non loin de Marsoulas où on a découvert l’entrée de la Grotte paléolithique de Marsoulas, un squatt naturel vieux de 18.000 ans.
Je dis on mais je n’en suis pas, ce sont des chercheurs, pas moi je vous rassure tout de suite, d’autant que c’était en 1931 et qu’en 1931 croyez j’avais d’autres choses à faire, à savoir comme souvent : RIEN. C’est là, précisément, là au cœur de cette grotte d’une cinquantaine de mètres de long ornée de peintures qu’ils ont référencé parmi les divers objets, un gros coquillage. Cette conque n’a que tout récemment été identifié comme instrument de musique. Et oui, il a fallu près de 90 ans pour que ces générations de chercheurs se penchent sur le coquillage et réalisent qu’en soufflant à une de ses deux extrémités, on obtenait un son, puis deux, trois, quatre…et pour peu qu’on s’obstine une mélodie, un rythme et qui sait de la musique ! Musique de rites ?Musiques de fête ? Allez savoir.
Bien sûr, il fallait pouvoir prier, parler aux esprits, échanger avec les ancêtres, communier avec la nature ou faire l’amour aux arbres un des passe-temps qui aidaient à traverser les nuits noires d’hiver. Il fallait faire bamboche aussi car quand l’hiver givrait tant les lèvres qu’il faisait rimer noir et froid, il fallait faire bamboche ! Car quand, fleurissaient les premiers amandiers en plein cœur de l’hiver, ils n’espéraient qu’une chose : voir le bout du tunnel, en finir avec l’obscurité, croire en des jours meilleurs et des nuits écourtés, et espérer des températures plus clémentes et des monokinis tout riquiquis en peau de bête. Ils ripaillaient, festoyaient alors à n’en pas douter autour d’une côte de dinosaure grillée et d’une galette de ceréales broyées, cuite sur la pierre chaude. Si nos générations de chercheurs avaient songé à lever la tête, ils auraient peut-être découvert accrochés à la pierre, des restes de crêpes. Car hommes et femmes n’ont pas attendu le rite pascal de la traversée, du passage pour célébrer ce dernier tronçon de nuit, pour se dire que les beaux jours finissent toujours par revenir. Ce dont on est sûr ce qu’avant même les beaux jours, je serai là moi demain, même heure même endroit.