Nouvo Nova : « Without Sun » de Swim Mountain.
Chaque jour, Nova met un coup de projecteur sur une nouveauté : le Nouvo Nova vous présente les coups de cœurs de la programmation, afin que vous ne ratiez rien des dernières trouvailles qui nous ont titillé l’oreille. Aujourd’hui : « Without Sun » de Swim Mountain.
À l’orée d’une nouvelle décennie, alors que l’on tente de discerner parmi les tendances les contours de nouveaux courants de la musique, tout un pan de la pop reste parcourue par une vieille obsession indécrottable. Un travers exprimé musicalement ces dernières années sous diverses appellations plus ou moins fumeuses (pop hypnagogique, neo-psychédélia ou encore, plus communément, bedroom pop), généralement cristallisé autour de références communes à la génération Y : celle des débuts d’Internet, des cassettes audio, du fait-maison.
En d’autres termes, règne encore aujourd’hui la nostalgie d’un passé analogique encore perméable, véhiculée par des groupes fascinés par les vieux synthés et les textures granuleuses. Bien que non confinée au seul giron de la pop, cette tendance à l’hantologie (pour reprendre une expression de Jacques Derrida), résiste particulièrement au temps, puisque, par définition, rien n’est plus indémodable que la nostalgie. Plus pertinemment, elle est même de plus en plus au cœur de la réflexion des artistes eux-mêmes : il suffit pour ça d’écouter, par exemple, le tout dernier album de Tame Impala, ou plus près de chez nous, les élucubrations rétro-psyché de groupes comme Biche et Animali, tous angoissés par le passage du temps.
Dans cette longue filiation, Swim Mountain ne déroge pas à la règle. Derrière ce pseudonyme presque pastiche et aux connotations rêveuses, un musicien londonien du nom de Tom Skyrme. Quand il ne compose pas de musiques de film ou n’est pas en studio avec Hans Zimmer, Swim Mountain produit une musique codifiée rappelant les grandes heures de la chillwave, cette ramification éphémère de la dream pop née des expérimentations lo-fi de groupes américains comme Toro Y Moi, Washed Out ou Best Coast. Sur « Without The Sun », extrait de son nouvel EP If, toutes les cases sont cochées (claviers scintillants, textures rétro, mélodie naïve) mais passées sous un vernis contemporain, lorgnant légèrement vers le R&B. Le parti pris, lui, est clair : « Devinez quoi, je ne reviendrai plus », prévient Tom Skyrme avec défiance, avant de plonger avec délice dans ce fameux âge d’or mythique où le soleil brille encore.
Visuel © Swim Mountain