Améliorer notre regard sur les SDF en favorisant nos interactions avec eux : c’est le défi que l’on se donne à divers endroits du globe.
Alors que le nombre de sans-abris ne diminue pas (140 000 personnes sans domicile permanent en France) en dépit des efforts croissants des associations pour améliorer leur situation, il existe une initiative qui se répand aussi bien en France qu’ailleurs, ayant pour objet de changer le regard que l’on peut poser sur les SDF en leur proposant d’adopter des pancartes originales, en jouant avec le message, ou l’aspect esthétique.
Ainsi les projets qui visent à améliorer le rapport entre les SDF et les passants ne manquent pas. Récemment, Anthony Bustos, un habitant de San-Francisco, ville extrêmement touchée par le problème des sans-abris, a décidé d’apporter son aide à cette population en leur fournissant des pancartes humoristiques avec des slogans du style : « la fac de droit c’est cher », « Poudlard ou rien » « Besoin d’argent pour devenir un Jedi »… Une mesure assez similaire avait été adoptée dans le Massachusetts aux Etats-Unis dans le cadre d’un projet appelé « Panneaux des SDF ». L’objectif était d’augmenter l’attention des passants envers les personnes démunies grâce à des pancartes colorées imaginées par des artistes.
De la même manière, on se souvient de la campagne de sensibilisation « Un sourire, SVP » de la Fondation Abbé Pierre qui avait été développée par le photographe Little Shao et l’humoriste Luigi Li, dont l’objectif était de « remplacer la tristement fameuse pancarte ‘1€ svp’ par une vanne, une punch-line, un message qui va accrocher l’œil de ceux qui préfèrent tracer leur chemin d’habitude« . Une exposition avait eu lieu en novembre dernier au Point Ephémère, dont les profits avaient été reversés à la Fondation Abbé Pierre.
Ce projet n’a pas la prétention de résoudre le problème du mal-logement. Il consiste davantage à attirer l’attention des passants pour, si possible, créer une interaction « positive » avec les SDF. S’il est vrai que l’opération ne permet pas de changer concrètement leur situation matérielle, elle permet néanmoins d’améliorer les relations entre les passants et les sans-abris, en recréant du lien social par l’échange d’un sourire, partant du principe que le problème des sans-abris est également un problème d’intégration sociale.
Certains s’opposent au bien-fondé de cette opération en la jugeant d’une part inefficace pour traiter le problème central de la mendicité, et d’autre part en la considérant comme la transposition du système commercial au problème des SDF. Il faut apprendre à « se vendre » en mettant en avant un message qui plait et qui favorisera la générosité des passants.
Difficile de savoir réellement dans quelle mesure cette opération améliore le quotidien des SDF, mais il n’empêche qu’on en parle, et c’est déjà un pas en avant.