« La rage est mon énergie », l’épopée punk capitale du chanteur des Sex Pistols.
C’est sous le signe de la colère que l’ex-Sex Pistols, roi des Punks, John Lydon – a.k.a. Johnny Rotten, chanteur emblématique des Sex Pistols – raconte sa vie : une enfance dure et semée d’embûches, avec pauvreté et maladie à la clé, entouré de hooligans et de laissés pour compte des années 60. Si vous êtes prêts à une bonne dose d’égocentrisme, de grosses vannes et vacheries sur la scène rock, mais aussi un paquet d’histoires et de vérités révélatrices, alors lisez comme un roman cette épopée punk capitale.
Self-made punk-intello
Car ce qui est arrivé avec le mouvement Punk, est un fantastique virage, avec un état d’esprit qui a inspiré la planète et pour longtemps. Une rupture salutaire qui fut une renaissance, mais très souvent incomprise et caricaturée. En prime John Lydon est un curieux de tout, un lecteur de livres, un self-made punk-intello, et c’est un bonheur d’entendre ses goûts éclectiques, surtout en musique, car il aime sincèrement les groupes allemands, la soul, il a été fan de Progressif Rock, et il porte aux nues la pop, et le hard rock.
Le glam rock est père du punk, ça on le savait, mais son amour pour Can, Beefheart ou Neil Young sont plus inattendus. Sa passion pour les Kinks, Roxy, T. Rex, Docteur Feelgood est preuve de discernement, mais quand il cite avec admiration le début de l’électronique de Faust, ou Edgar Broughton Band, puis Hawkwind, Mott the Hoople et Melanie, ou bien encore Kool and the gang comme étant partie de sa culture, alors là… Car les vrais amateurs naviguent parmi les trouvailles de toutes les musiques : les perles, les inventions, les réussites et les miracles se produisent dans tous les genres, et John Lydon est non seulement un passionné, mais un esprit ouvert !
« Ce n’est pas parce que tu es parano qu’il ne veulent pas ta peau. »
Ce n’est pas parce que les Punks ont beaucoup craché sur la société et les institutions que ce sont des anars hystériques, détestant tout… En musique, je dirai qu’ils ont durci, mais affiné la sélection, en éliminant les poseurs et les bidons. Ils se sont fait de nombreux amis dans le reggae évidemment (Rotten est un fan de Docteur Alimantado), mais aussi dans le hard et le rap. Il y a plein de moments émouvants, il y a aussi de la jalousie et de la haine – qui était une composante de l’époque Punk – et des moments extraordinaires comme quand Lemmy (le boss de Motörhead) renonce à apprendre la basse à Sid Vicious…
« Ce n’est pas parce que tu es parano qu’il ne veulent pas ta peau. » Cette double négation qui encourage la méfiance et affirme la réalité du mal, pourrait être la conclusion de ce livre (et le titre du chapitre 8). Une sorte de profession de non-foi. Quand à Malcolm Mac Laren ( et Vivienne Westwood) ils se font rhabiller pour l’hiver et tous les hivers du monde, mais ils le méritent (je les ai vu à l’œuvre), comme les ténardiers d’un rock perpétuellement dérivant et d’une mode perverse.
Mr Lydon nous fait rire, pleurer, crier, flipper dans cette autobiographie d’un homme en colère, mais souvent à juste titre… Après tout il a fait l’amère expérience d’un succès planétaire inattendu, avec un retour de manivelle encore plus violent que les Stones, d’où ses mésaventures de pied nickelé sentimental. Johnny le pourri est un mec capable, mais qui a été souvent mal entouré.
La rage est mon énergie de John Lydon, éd. Points, 640 pages, 8,80€