Rencontre autour des pérégrinations musicales du jeune emcee.
Hyperactif de longue date, Areno Jaz, Emcee parisien au flow faussement parresseux mais à la rime hautement travaillée, a récemment fait une incartade musicale avec un projet parralèle, XLR, l’occasion était belle pour lui poser quelques questions.
Tu es extrêmement prolifique, tu as déjà signé un album solo et tu vas sortir un EP avec Hologram Lo’ bientôt, enfin dans les bacs en ce moment on te retrouve avec XLR, tu as besoin d’être constamment confronté à un processus de création? Est ce que tu écris en permanence ?
Oui effectivement, même si je ne le dirais pas comme ça, c’est surtout le plaisir d’écrire et donc de faire des morceaux et ensuite des projets entiers, comme c’est le cas pour mon premier EP solo « Alias Darryl Zeuja« . C’est aussi un moyen de progresser musicalement , je préfère crée un ensemble de morceaux cohérent que de faire quelques sons de temps en temps. Du coup j’écris en permanence…comme au lycée !
Ta nouvelle aventure musicale est avec XLR et Rue du Bon Son, un entourage qu’on croisait déjà sur Darryl Zeuja, quelle est ton histoire et ton rapport avec ce collectif ?
Dans le même temps je voulais monter mon label (Jihelcee Records) j’avais besoin d’ingés son et comme ils étaient bons et opérationnels on a fait ça ensemble. Ils multiplient les talents, ils sont ingés son et beatmakers et Oner peut aussi rapper quand il veut!
Que t’apporte le fait de travailler avec un autre groupe de te confronter à d’autres plumes, c’est quelque chose dont tu avais besoin ? Pourquoi avoir fait ce choix, qu’apporte l’écriture collective par rapport à un projet solo ?
C’est surtout pour le plaisir qu’on a fait l’album XLR « Rue Du Bon Son ». On a bossé ensemble sur plusieurs projets comme mon solo ou pour d’autres gens avant et du coup on voulait faire un projet ensemble pour mettre en commun nos forces et marquer le coup !
Quelle était l’optique de création, vers où voulais tu aller à l’origine avec ce groupe ?
On voulait surtout faire de la bonne musique! On a bossé le truc avec des gens qu’on connaissait bien et dont on appréciait le travail, pour la plupart des gens avec qui on avait déjà collaboré chacun de notre coté sur d’autres projets donc tout le monde s’est investi sérieusement et c’était vraiment agréable de bosser comme ça. Il y’ a plein de trucs qui ont été faits au dernier moment juste comme ça sur le coup! On aime bien créer avec ce qu’il y’ a autour de nous.
Qu’est ce que t’as permis cet autre univers de création, une quête d’un autre type d’écriture, plus dans le story telling ou autre ? Est-ce un moyen de définir une autre facette de ton identité musicale ?
Avec XLR les thèmes et les sons qu’on va choisir nous sont propres et donc ça m’entraine à faire des choix que j’aurais pas fait en solo ou avec 1995 et c’est le but. Ca me permet de faire des morceaux auquels je n’aurais pas pensé tout seul. On bosse beaucoup la réalisation des morceaux , on essaie de trouver le dialogue de film ou le bruitage qui va bien , la bonne structure du texte. Sur l’album on a rajouté pas mal d’instruments et c’était un vrai plaisir d’enregistrer des musiciens! Il y’ a de la basse , de la guitare électrique , une clarinette basse , un saxophone…
Cet attachement à un Hip Hop dont tu revendiques systématiquement les origines est une marque de fabrique, pourquoi ce rapport particulier à un hip hop dont on sent qu’il t’a instruit ? De la même manière travailler sur ce projet avec des artistes qui t’entourent ou t’inspirent depuis le début, ton rapport à la musique a toujours un rapport aux origines ?
Pour ce qui est des artistes , après 2 ou 3 grandes trahisons c’ est surtout par désir de collaborer avec des gens que j’apprécie humainement et donc ça m’amène à travailler avec des personnes que je connais personnellement ou des gens qui m’ont inspirés et qui ne sont pas l’opposé de ce qu’ils chantent.
Comment s’est orchestré le travail avec les beatmakers, est ce que tu savais à l’avance qu’allait être la couleur musicale du projet et ce que vous recherchiez précisément des beats adéquats ou est-ce que vous avez fait une sélection en fonction de ce que vous receviez, ou enfin est ce que certains reçus ont directement inspirés les morceaux?
Pour le reste on a demandé à des gars avec qui j’avais déjà bossé sur « Alias Darryl Zeuja » , Mario et -H-O-TiMe chez qui on a finement sélectionné les meilleurs sons à la main!
Comment est ce que tu parviens encore à développer et continuer à travailler tes flows et tes placements de projets en projets, comment continues-tu à faire évoluer ton écriture ?
C’est un plaisir! Le rap c’est un jeu et on finit jamais de s’améliorer! J’essaie de purifier mon truc, j’avais l’habitude de mettre beaucoup beaucoup de syllabes avant maintenant dans un souci de précision je privilégie la perfection des placements! J’apprends à rapper dans les silences!
Je travaille aussi beaucoup ma façon d’enregistrer, ma voix ou la réalisation des morceaux. Il faut savoir quand, quoi et comment backer … c’est un ensemble de plein de choses à maitriser mais quand c’est le cas c’est tellement beau!
Comment est-ce que le fait de faire beaucoup de scène (quand on connaît ton rapport au Emceiin dans le sens originel du terme) a-t-il pu avoir une influence sur ton processus de création ?
La scène m’a montré la limite de ma respiration! J’écris différemment, je laisse plus de place pour respirer, je mets du suspense avant de faire retomber la rime. J’essaie d’avoir un phrasé plus proche du parlé et d’avoir des mesures moins chargées pour pouvoir mieux me faire comprendre déjà sur disque mais aussi et surtout en live.
Le disque est sorti sur Jihelcee, ton label, quelle vision et quelle musique veux tu mettre en avant avec cette entreprise ?
Jihelcee Records est un label qui souhaite avant tout faire de la bonne musique! On essaie aussi de monter une structure indépendante, crédible artistiquement et « businessement » parlant qui mettrait en avant des projets faits par des amoureux de la musique pour des amoureux de la musique!