ARTE consacre un portrait multi-formats à cet auteur décidément génial.
A l’heure où la société numérique est généralisée, où notre futur se compose en digital et où nos inquiétudes sont liées à cette nouvelle ère, il est un auteur dont la pensée nous éclaire. L’oeuvre de Philip K.Dick, qui à la manière d’un Asimov ou d’un Orwell a su anticiper l’évolution de nos mondes, est en effet aujourd’hui particulièrement puissante.
A travers ses interrogations sur le réel et l’humain, et tout ce que définit ces notions, l’auteur a su avant tout le monde comprendre ce que nous risquions. Car sa pensée où la dystopie est centrale repose bien sur cette prophétie des dérives de la post-modernité et sur ce qui en découle : comment l’humain trop humain trouve-t-il sa place dans un monde où le transhumanisme devient la norme ? si l’on peut jouer avec la réalité, le vrai et le faux, alors comment peut-on être sur de ce que l’on vit ? Autant de thématiques qui ont évidemment inspiré des dizaines de films, de séries, de court-métrages qui sont aujourd’hui des références culturelles en terme de science-fiction : Blade Runner, Total Recall, Minority Report, A Scanner Darkly, The Truman Show ou eXistenZ sont autant de films qui se fondent sur des scénarios pensés à l’origine par Philip K. Dick.
Pourtant il a, comme de nombreux génies, écrit sans connaître réellement le succès et l’incidence de ses quelques 40 romans et 120 nouvelles. Mort en 1982, toute sa vie a été un tissu de complexités affectives, psychologiques et personnelles et il a voyagé entre des hôpitaux psychiatriques et des centres de désintoxication. Mais loin d’avoir été un frein à la puissance de K.Dick, cette sur-conscience et cette marginalité intellectuelle, souvent atteintes grâce à des drogues hallucinogènes, lui ont permis d’interroger le système dans lequel il se sentait à l’étroit. L’hypersurveillance est ainsi devenue une des angoisses de sa vie personnelle et un des thèmes forts de ses écrits.
Et c’est justement ce qui fascine chez Philip K.Dick : il a su faire de ses anxiétés de véritables questions philosophiques. Il a su transformer son incapacité à cadrer avec les modèles social, politique ou relationnel en une force sinon de contestation au moins de remise en question. Et surtout son oeuvre trouve un echo de plus en plus puissant, comme si sa capacité à anticiper convergeait avec l’évolution de notre société.
Pour envisager cet auteur, ses écrits, ses mondes, ARTE a justement décidé de multiplier les formats et les supports afin d’envisager le foisonnement créatif et intellectuel de Philip K.Dick. Avec la programmation d’un documentaire (« Les mondes de Philip K. Dick »), la création d’un jeu-vidéo (« Californium ») et la diffusion d’un court-métrage en vidéo 360° (« I, Philip »), c’est donc une composition kaléidoscopique qui est proposée au public afin de se familiariser avec toutes les facettes de l’auteur.
Le documentaire « Les mondes de Philip K. Dick », co-produit par ARTE France et Nova Production, nous plonge dans une biographie puissante, qui témoigne et rend compte de tout ce qu’il y a de « dickien » dans nos existences. Avec la participation de son psychothérapeute (et l’on se doute de l’importance de la psychanalyse dans la vie de l’auteur), de sa veuve ou de son biographe, le film est aussi un hommage à cet extraordinaire auteur. Réalisé par Yann Coquart et co-écrit avec Ariel Kyrou, il sera diffusé sur ARTE le 2 mars prochain à 22h35, et à découvrir en ligne sur ARTE+7 la semaine suivante.
Il est à revoir par ici.
Si vous êtes joueur et que vous aimez chez K.Dick la force des ses personnages, sachez que vous pouvez aussi incarner en première personne un écrivain piégé dans des réalités multiples, grâce au jeu en ligne Californium, co-produit par ARTE France, Darjeeling et Nova Production. 4 univers y coexistent et s’emboîtent – et le graphisme permet justement de ressentir l’étrange, l’angoissant et le sombre qui habitent quelqu’un à l’étroit dans cette superposition de réalités. Le jeu, décomposé en 4 épisodes dont le premier est déjà en ligne, est à découvrir gratuitement jusqu’à la mi-mars sur le site d’ARTE Creative, tandis que les puristes trouveront une version payante. Et pour citer l’auteur, « si vous trouvez ce monde mauvais, vous devriez en voir quelques autres« .
Enfin, dernier volet de cette programmation trans-média, ARTE Creative propose de découvrir « I, Philip » un court-métrage en réalité virtuelle (la première fiction française développée en 360°) qui nous permet de nous immerger dans le corps de Phil, double robotique et devenu star du web de Philip K. Dick. Mais cet androïde est-il fidèle à ce que Philip K. Dick a été, à ce qu’il a vécu ? Autant d’interrogations qui rendent la forme de ce court-métrage puissante et permettent d’aborder des thèmes chers à l’auteur. Il est à découvrir de façon interactive ici !
Vous avez désormais toutes les cartes en main pour vivre des instants dickiens, et en ressortir très certainement changés.