En rejoignant des actions solidaires autour de chez-soi.
Jean-Marc Potdevin était comme beaucoup d’entre nous : soir et matin, il marchait vite, croisait des SDF sans jamais les regarder. Puis un jour, en 2012, il s’est arrêté, et a pris le temps de comprendre le pourquoi du comment. C’est comme ça que l’association Entourage, un réseau d’entraide pour lutter contre l’isolement des SDF, est né. Dans Today’s Special, Armel Hemme a passé un coup de fil à Claire Duizabo, directrice de la communication et de la communauté d’une association qu’elle nous présente.
Claire Duizabo, quelle est l’idée derrière Entourage ?
Claire Duizabo : L’idée est de se demander comment mobiliser chaque citoyen, alors que l’État fait déjà énormément, et que les associations font un boulot formidable. Chacun d’entre nous, un peu comme un colibri, a son rôle à jouer. D’un côté, les personnes de la rue nous disent que, en plus des conditions matérielles très dures, c’est vraiment la solitude qui déshumanise et qui tue à petit feu. Et de l’autre côté, quand on demande aux voisins, tout le monde a envie d’aider mais ne sait pas tellement comment s’y prendre et par où commencer. On a plein de préjugés et de peurs, comme par exemple en se disant : « Mais s’il est alcoolisé, est-ce que j’y vais ? », « Si je suis une femme, est-ce que je vais me faire draguer ? » C’est normal de se poser des questions, alors notre association est là pour rassurer les voisins et en leur donnant des façons concrètes de passer à l’action, tout en entourant les personnes SDF.
Tout le monde a envie d’aider. Mais personne ne sait par où commencer
Pourquoi, selon vous, n’y a t-il pas naturellement plus d’entraide ? Qu’est-ce qui fait que, la plupart du temps, on cherche à éviter le regard du SDF ?
Claire Duizabo : Les marginaux, ça fait toujours peur dans une société, parce qu’ils renvoient le reflet de ce qu’on n’a pas envie de devenir. Mais c’est un cercle vicieux, parce que plus on les exclue, plus on les enjambe tous les matins, plus on entretient ce sentiment de solitude et d’isolement et le fait que, souvent, ces personnes-là développent ensuite des troubles psychiques hyper forts, en se disant : « Si moi-même je suis invisible dans les yeux des gens, à quoi bon me lever, me laver, me vêtir, si je n’existe plus ? ».
L’une des particularités d’Entourage, c’est ce comité de la rue, qui travaille avec vous. Qui trouve-t-on dans ce comité ?
Claire Duizabo : C’est neuf personnes SDF, ou anciennement SDF, qui travaillent avec nous et qui viennent témoigner dans les écoles ou les entreprises. Ces gens nous disent : « Moi, quand je fais la manche, j’ai l’impression d’être un sac poubelle sur le trottoir » ou encore « sur 3 000 personnes, il y en a deux qui me disent bonjour ». Toute la mission d’Entourage est de de faire de la sensibilisation pour dire aux gens : « Sois on continue d’être une partie du problème en ignorant ces personnes, sois on peut commencer à être une partie de la solution en faisant prendre conscience à la personne précaire qu’il peut compter sur nous ».
Alors concrètement, comment fonctionne ce réseau, comment peut-on y participer ?
Claire Duizabo : Le réseau Entourage, c’est une application mobile gratuite qui permet très facilement de rejoindre des actions solidaires autour de chez soi. Ça peut être aider quelqu’un à refaire un CV, faire une collecte de produits d’hygiène pour les femmes de la rue, mettre à disposition sa machine à laver pour quelqu’un qui en aurait besoin. Le réseau Entourage permet à ces personnes de prendre la parole et de dire de quoi elles ont vraiment besoin. C’est un réseau d’entraide locale qui permet de coordonner toutes les actions.
Entourage, c’est par ici.
Visuel © Réseau Entourage