Vous avez déjà écrit des lettres d’amour ? Probablement… Elles devaient faire peut-être une ou deux pages ? Voire cinq, si vous étiez vraiment inspiré et épris… C’est à peu près sûr qu’elles ne faisaient pas 600 mètres de long de parchemin. C’est le projet complétement zinzin de l’artiste franco-iranienne Cocovan, qui parcourt le globe depuis plusieurs années avec pour objectif d’écrire la plus longue lettre d’amour au monde.
600 mètres de long, c’est la taille de deux tours Eiffel que l’on mettrait l’une au-dessus de l’autre (une expérience cheloue, mais tout à fait envisageable). C’est aussi la taille de la plus longue lettre d’amour jamais écrite. Mais qui peut déclencher une telle passion ? Ou plutôt « quoi »…
« Ne perds pas patience, le temps viendra pour nous de grandir »
Les mots sont tantôt brefs : “Même si parfois, tu es compliqué, je t’aime beaucoup beaucoup”, tantôt particulièrement inspirés : “Immuable et changeant comme le ciel, regarde-moi qui change, qui fait partie de toi et suis pourtant unique, mue par tes mouvements vers des voies mystérieuses, pour gagner, comme Ulysse, des berges apaisées”. Quand d’autres confessent : « Je te demanderai bien comment tu vas, mais je vois bien que ce n’est pas la forme, on n’arrête pas de se battre, on n’arrête pas de casser des choses, de les abimer, on est des enfants turbulents, et comme des enfants et parfois les adultes, on a du mal à exprimer notre amour, mais qu’est-ce que tu es beau dans ta résilience. Ne perds pas patience, le temps viendra pour nous de grandir”. C’est au Monde, à la Terre, que toutes et tous s’adressent.
Un bureau éphémère dans les rues de Berlin
Derrière la déclaration amoureuse la plus gigantesque au monde, se trouve une artiste franco-iranienne nommée Cocovan. Ex-musicienne pop, cette adepte de performances poétiques de rue avait par exemple recouvert Venice Beach de pétales, s’était allongée sur un lit dans les rues de Londres, et avait installé une lune sur le Pont des Arts de Paris. En 2017, elle s’installe, studieuse, derrière un bureau dans les rues de Berlin. La mission de sa nouvelle performance poétique : rédiger sa lettre d’amour au Monde, avec un grand « M« … Bientôt un homme vient lui demander s’il peut ajouter son propre petit mot adressé à la Terre, qu’il signe en chinois à côté d’elle. Puis vient une famille turque… C’est ainsi que “The World Letter” est née.
Le voyage des mots (et de l’amour) à travers le monde
La lettre a voyagé, de Rome jusqu’aux tribus indigènes de Colombie, en passant par les centres sociaux du Bronx, et il est désormais possible de lire des mots de gens venus de 145 pays différents, sur les 196 pays qu’on compte au total sur la planète. Les derniers ont été récoltés au fil d’un voyage de trois mois en Amérique latine cet été. “J’ai emporté la lettre à Mexico City, nous explique Cocovan, puis je suis partie au nord du Mexique, à Tijuana, près de la frontière américaine, donc près de ce mur que tant de personnes essayent de franchir. J’ai donc amené cette lettre dans les centres pour migrants de la ville, pour rapporter leurs mots et leurs ressentis dans cette lettre d’amour au monde. Je suis ensuite partie au Brésil, à Rio De Janeiro, où j’ai installé la lettre dans la rue, sur la plage d’Ipanema, puis dans les favelas des hauteurs de la ville.” Pour elle, faire parler toutes ces personnes était primordial. Lorsqu’on lui demande quel mot l’a marquée, récemment, elle cite cette lettre en arabe, récoltée lors de son voyage au Mexique.
« [Ces mots] représentent pour moi ce que la World Letter amène de plus beau »
La lettre revêt une importance particulière pour Cocovan : “Ces mots représentent pour moi ce que la World Letter amène de plus beau. C’est-à-dire que partout où je l’emmène, elle permet aux gens d’avoir un regard positif sur les choses. Dans ce projet, il y a un aspect de reconnaissance envers le monde, ou envers les autres, et c’est peut-être ça l’essence de la World Letter : regarder le positif et le beau, même dans des situations qui paraissent désespérées”.
Signez la « World Letter » en Belgique… ou en ligne
Le voyage de la plus longue lettre d’amour au monde se poursuit très bientôt en Belgique. Et si vous n’êtes pas d’humeur à voyager, que vous avez écoulé tous vos RTT pour les fêtes ou que vous n’aimez pas les frites, Cocovan a rendu possible la participation en ligne ! Si vous voulez donc commencer l’année en écrivant au monde ou en dessinant ce que vous avez dans le cœur, c’est ici.