Entre Paris et Lausanne, cette actrice-autrice nous branche sur un spectacle et une radio où les arbres ont la parole, afin de « franchir le mur entre les espèces » et nous enseigner la solidarité.
« Les arbres pourraient nous écrire un conte, des poèmes, des conférences, pour nous distraire et nous émouvoir, et par là nous faire prendre conscience de l‘urgence du péril écologique et de notre rôle à jouer, à travers un spectacle fait pour nous. Ils nous transmettraient ce qu’ils savent eux depuis des millénaires et que nous n’arrivons pas à sentir. Ils nous parleraient de leur façon de se mettre en réseau, leur solidarité qui permet l’équilibre de la forêt, la survie, l‘épanouissement de l‘individu, de sa beauté, de ses feuilles… sans altérer l’épanouissement de l’ensemble. Ils nous ouvriraient les yeux, dans un monde où la concurrence fait loi. »
Le 30 mai dernier au théâtre Vidy-Lausanne, l’actrice, autrice et metteuse en scène Laetitia Dosch et la compagnie AlterMachine présentaient les racines d’un nouveau spectacle : Les arbres vous parlent, transmis en direct via l’application Zoom. Ainsi réunis, les spectateurs pouvaient entendre cinq artistes et scientifiques « épouser la voix » des vénérables rois de la forêt, simultanément filmés par la fenêtre ; le tout, pour ne plus voir le règne végétal comme un décor, pour réfléchir aux conditions de vie des platanes, des chênes et des sapins, pour nous inviter à « prendre leur parti », en tirant des leçons de l’exemplaire interdépendance de ces cohabitants « liés par le sous-sol, tous ensemble, forever ».
Cette initiative réjouissante bourgeonne déjà : possibles tournées la saison prochaine, projet télé et lancement d’une libre antenne radiophonique – à écouter le vendredi 31 juillet sur Nova, de 17h à 19h, en public et en direct de la cour du lycée Jacques-Decour, Paris 9e* ! – où les arbres « videront leur sac » à propos des humains. D’ici là, Laetitia Dosch, qui déjà dans son spectacle Hate (« tentative du duo avec un cheval », 2018) nous plongeait dans les pensées d’un canasson (qui partageait réellement la scène avec elle, aussi nue que l’animal) aimerait réorganiser les villes : un arbre par habitant.e, « que les trottoirs deviennent des forêts », que nous arpenterons équipé.e.s de lunettes infrarouges pour voir de nuit la circulation de la chlorophylle dans les veines de nos frères verts, non loin de bars-à-arbres. Santé !
* 12 avenue Trudaine, 75009 Paris. Dans le cadre du festival Paris l’été > https://www.parislete.fr/
Pour réécouter la dérive de Laetitia Dosch sur Nova, au micro d’Aurélie Sfez, c’est ici.
Visuel : Pocahontas, de Mike Gabriel & Eric Goldberg (1995).