Deux flingues à la ceinture, deux autres dans chaque main, accroché sur une croix devant des favelas, voici Bezerra Da Silva.
Les références au christ dans la musique ou les musiciens qui se comparent à Jésus ne sont pas rares. Ce ne sont pas les Beatles et leur morceau “Bigger Than Jesus” qui diraient le contraire. Là où ça surprend, c’est qu’en plus de se mettre en scène dans une pseudo-crucifixion, Bezerra Da Silva le fait en étant suffisamment armée pour accueillir un bataillon des forces spéciales.
Il faut dire que Da Silva a sens de l’image qui interpelle. Dans sa très longue discographie, on peut le voir se faire embarquer par la police, poser derrière les barreaux d’une prison, ou en train de mettre une torgnole à un politicien. Le maitre de la samba ne cultive pas cette imagerie de voyou pour faire grimper sa street cred, il est en réalité pris dans un jeu au long cours avec la presse et le public brésilien, captivé par son personnage de bandit grande gueule, qui derrière ses photoshoot burlesque cache une réelle fibre sociale.
Bezerra Da Silva était connu pour enregistrer des disques avec des musiciens venus des favelas, il défendait ainsi leur talent, à une époque ou tout ce qui provenait des ghettos auriverde étaient perçus d’un œil méfiant par l’opinion public, qui n’arrivait pas voir plus loin que la réputation violente de ces quartiers. Bezerra Da Silva jouait donc le rôle de champion du peuple, en tournant en ridicule sur ces pochettes les critiques de la presse, qui le surnommait “El Sambandido” (le bandit de la samba).
Redécouvrez donc ce vandale roi du scandale, Bezerra Da Silva avec le titre “Quando O Morcego Doar Sangre” un artiste qui flinguait les clichés plus vite que son ombre.