L’album génial, baroque, fou « Age of Adz » de Sufjan Stevens fête ses 11 ans cette semaine
Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-12h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement.
Aujourd’hui on célèbre les 10 ans d’un album qui ne peut pas vieillir parce qu’il existe en dehors du temps et de l’espace, parce qu’il était futuriste et anachronique à sa sortie, et qu’il n’a pas bougé depuis. C’est Age of Adz de Sufjan Stevens.
Sufjan Stevens, c’est un musicien, auteur, compositeur, magicien qui est autant capable d’écrire des merveilles de la pop que de se livrer à des expériences baroques, cryptiques, mystiques. C’est un homme qui fascine depuis ses débuts, parce qu’il s’intéresse autant aux planètes, qu’aux apôtres, qu’il écrit les relations amoureuses ou platoniques comme personne et qu’il est assez secret.
Il a souvent des projets un peu fous, comme sortir des albums consacrés aux États d’Amérique, à l’Illinois ou au Michigan, réinterpréter des chants de Noël ou composer un album en hommage à un artiste quasiment inconnu.
Une œuvre baroque, en hommage au peintre Royal Robertson
C’est le cas de Age of Adz, qui a été pensé en écho à l’œuvre d’un certain Royal Robertson. Ce dernier était peintre brillant, schizophrène et souvent halluciné à qui Sufjan Stevens a voulu rendre hommage, par la pochette du disque d’abord mais aussi par le niveau de recherche musicale et avec le cœur qu’il va mettre à cet ouvrage.
Age Of Adz c’est un album proche de la folie, qui accueille en tout cas les complexités de l’âme, la peur de la mort, la dépersonnalisation. C’est un disque avec lequel Sufjan Stevens va tendre encore plus vers son intimité, vers son sentiment profond, et vers le vertige que cela peut procurer. Il va le faire en triturant des sons, des textures, en s’amusant à composer des symphonies de 25 minutes, ou des morceaux où l’écho de sa voix répond à ses propres doutes.
Cet album est baroque, ambitieux, poétique, dérangeant et magnifique.
Je vous le conseille et je voulais vous jouer « Vesuvius » pour deux raisons. D’abord parce qu’il est magnifique, comme un volcan, et ensuite parce que Mac Miller l’adorait et l’a samplé pour son titre « Donald Trump ». Preuve que Sufjan Stevens peut toucher tout le monde.
https://www.youtube.com/watch?v=aTsDcjHj54M&feature=emb_title
Visuel © pochette de l’album Age Of Adz de Sufjan Stevens