On célèbre l’anniversaire d’un disque qui fait l’effet d’une claque musicale, surtout quand on sait que c’est un premier album solo. Ces jours-ci, le disque “Black on Both Sides” de Mos Def fête ses 22 ans.
Avant cette décisive année 1999, Mos Def se fait un nom en collaborant avec De la Soul et en formant le groupe Black Star avec Talib Kweli. Si le public a compris qu’il avait un vrai talent de lyriciste et de MC, personne n’a encore compris à quel point son talent est immense. C’est ce qu’on découvre en octobre 99 quand il sort son premier album solo qui en dit déjà beaucoup dans son titre, Black on Both Sides (Noir des deux faces, en français), preuve que le MC s’apprête à parler de ce qu’être noir veut dire, aux États-Unis mais pas seulement. C’est aussi un titre qui sonne comme un essai et de fait, quand Mos Def prend la plume, c’est pour parler droit.
Pas de tergiversation chez lui : il raconte ce qu’est l’Amérique du Nord, brutale, inégale, ségrégée, ancienne esclavagiste qui a paupérisé ses enfants. Mos Def ne bégaie pas quand il s’agit de rappeler que le hip hop a un message, une spiritualité et pour que ses mots touchent d’autant plus leur cible, il demande à des pontes de produire ses titres : Ali Shaheed Muhammad, Q-Tip, DJ Premier, Ayatollah et 88-Keys sont là pour des instrumentaux impeccables. Et puis Mos Def, en quelques années, a eu le temps de se faire des bons amis qui viennent partager sa vision en featuring, Talib Kweli bien sûr, mais aussi Busta Rhymes.
Le résultat est une œuvre qui laisse une empreinte durable. Parce que c’est une photo des États-Unis à l’aube de l’an 2000, mais aussi parce que Mos Def (Yasiin Bey, c’est son nom maintenant) a une vision. Quand on écoute ce disque plus de 22 ans plus tard, on entend à la fois tout ce qui n’a pas changé et en même temps tout ce qui a disparu.