Avec un peu d’avance et de l’impatience, on commence cette semaine avec les 18 ans d’un album primordial. Le 20 octobre 2003, l’Angleterre découvrait Amy Winehouse grâce à son album “Frank”.
Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-12h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement.
À l’époque, ça fait un bout de temps qu’Amy chante en famille, avec son père chauffeur de taxi et fan de blues, avec sa grand-mère matriarche mélomane, au sein d’un orchestre de jazz et auprès de ses amis. Amy Winehouse, depuis qu’elle est toute jeune, rêve surtout de se faire entendre par le public et de devenir une célébrité.
Mais malgré son talent fou, évident, qui est corrélé à une émotivité brute et à vif, Amy Winehouse ne va pas devenir une star en un jour. Même quand elle commence à enregistrer des morceaux sur bande, poussée par ses proches qui croient en elle. Même quand des premiers labels reçoivent ses démos. C’est qu’Amy Winehouse dénote : elle a déjà un look complètement anachronique, une voix qui est inclassable, des références vintage.
Malgré cela, et comme dans l’industrie musicale il reste encore des dénicheurs de talent au flair affûté, Island, une sous division de Universal, la repère et lui propose d’écrire un premier album. Ce sera Frank, qui sort en octobre 2003, un disque très spécial.
D’abord parce que si on a l’impression qu’Amy Winehouse chante déjà à cœur ouvert, c’est en partie vraie et en partie faux. Amy Winehouse fait du théâtre sur ce disque. Elle se sert d’une rupture amoureuse un peu banale pour en faire un nœud dramatique, romantique, le point de départ d’une émancipation artistique aussi.
Dans ce disque, elle dépeint l’homme fort dont elle rêve, elle chante des choses assez vulgaires, triviales, méchantes parfois. Elle a une voix rauque, presque âgée. Et elle surprend, alors qu’elle n’a que 20 ans.
Ce premier album va séduire l’Angleterre, le milieu du jazz, même si les premiers grands succès internationaux d’Amy Winehouse viendront plus tard avec le disque Back To Black et toutes les vulnérabilités et les violences qui lui sont associées.
Je me dis que peut-être que vous ne l’avez pas beaucoup entendu ce disque, alors écoutons-le. Voici “What Is It About Men”, qu’elle compose pour parler de sa relation complexe avec son père.
Visuel © pochette de Frank d’Amy Winehouse