Aujourd’hui c’est l’anniversaire d’un disque qui à sa sortie a été reconnu comme un chef d’œuvre. C’est Illmatic de Nas qui nous est tombé dessus, comme par magie, un 19 avril 1994.
Premier album du rappeur qui à l’époque a 21 ans et déjà une vision très fine de ce qu’est le rap, le hip hop, la culture de sa côte Est, son milieu, son histoire et de ce qu’il faut faire pour la marquer.
Mais pour entendre Illmatic à sa juste valeur, il faut se souvenir que ce disque là mûrit dans l’esprit de Nas bien longtemps avant sa sortie. A 15 ans, dans le Queens, le MC croise la route d’un certain Large Professor. Lui aussi adolescent, lui aussi virtuose, producteur qui commence à faire parler de lui dans le quartier parce qu’il a le sens des beats, des instru, et que son taff plaît à Eric B. & Rakim, à Mobb Deep ou Tribe Called Quest.
Vite ils deviennent amis avec Nas et plus que ça, ils se lient d’une sorte de complicité artistique qui va devenir une symbiose. Ensemble ils composent, Large Pro aux instru, Nas à l’écriture. Ça marche. Pour ses textes, ses flows, les atmosphères de ses morceaux, Nas s’inspire des anciens, des modèles du rap new yorkais. Et il a une manière d’écrire qui est déjà bluffante ! Quand on l’écoute on a l’impression de sentir les odeurs de Queensbridge, et d’y mettre un pied, même à distance.
Un classique instantané
Mais les labels eux sont encore un peu frileux. Et heureusement que des types comme Large Professor ou MC Serch, qui devient son manager, croient en lui parce que c’est grâce à eux aussi que l’album Illmatic va prendre forme. Ensemble, ils réunissent un all star game de producteurs, DJ Premier, Pete Rock, Q Tip qui acceptent d’aller fouiller leurs vieux vinyles de jazz, de soul, de funk, de rap oldschool, de classiques du rnb pour y tailler la matière brute des samples qui vont permettre à Nas d’exceller.
Les labels comprennent que Nas va être quelqu’un et quand le disque sort, il éblouit tout le monde. Il redonne ses lettres de noblesse au rap du Queens, il propose de mélanger punchlines nostalgiques et mélodies qui ont encore un peu d’espoir en elles. Il décrit un quartier, un instant, une époque dans laquelle tout le monde arrive à se reconnaître. C’est ce qu’on appelle un classique instantané, qui fait de Nas un des plus grands auteurs – lyricistes, poètes – du rap.
Il y a cent choses à dire sur chacun des morceaux de ce disque, sur le nombre d’émules qu’ils ont fait, mais le mieux est encore de l’écouter. Voici « It Ain’t Hard To Tell », dernier des 10 morceaux assez parfaits de ce disque.
Visuel © Pochette « Illmatic » de Nas