Ce matin on fête les 44 ans d’un compagnon de route : « Kaya ». Un disque de Bob Marley qui a une saveur particulière, par son contexte de création, sa réception et sa vie au long cours.
Kaya c’est un disque qui sort le 23 mars 1978 et qui peut s’entendre comme le verso d’Exodus, album que Bob et ses Wailers enregistrent en 1977 dans les studios Island Records à Londres, ceux de Chris Blackwell. Si Kaya est enregistré en même temps qu’Exodus, c’est un album moins politique, plus indulgent et tendre avec le monde.
Bob Marley a envie d’essayer, en parallèle d’Exodus, de chanter des textes et des mélodies qui contemplent aussi la beauté des choses. Et c’est un exercice de style audacieux, de scinder son esprit et son art en deux : de développer, sur une même période, deux énergies distinctes.
Pourtant l’effort créatif ne suffit pas à convaincre tout le monde. Une partie du public fidèle, en Jamaïque et ailleurs est un peu désarçonnée par le moelleux de ce disque. Le jugeant parfois trop mielleux, trop commercial peut-être, pas assez spirituel et politique. Pourtant Bob Marley croit que la douceur peut résoudre des choses. Et il est sincère quand il organise des concerts avec le Peace Movement pour essayer de calmer la situation politique explosive en Jamaïque.
Et surtout, quoi que l’on pense des messages de ses morceaux, la qualité musicale est indéniable, le son, l’effort mélodique, la cohésion avec les Wailers, tout est là. Et c’est sans doute pour ça que ce disque a pris la place qu’il méritait avec le temps.