À toutes celles et ceux qui savent chantonner la musique de Tetris sans se tromper.
Bienvenue dans l’année 1989. Les coupes mulet cheloues et les chignons crêpés, les fuseaux mordorés, les épaulettes, et la télé. C’était l’époque où les écrans n’étaient pas encore diabolisés. Quand on avait un gamin, dont on ne savait pas quoi faire, on le collait devant un, deux, douze dessins animés. Sans se demander si ça pourrait influer sur son développement cognitif. On avait autre chose à faire, c’était les années 80.
Alors évidemment, quand les premiers jeux électroniques sont arrivés, les parents ne se sont pas posé la question bien longtemps. Et ce ne sont pas les minots qui s’en sont plaint.
Les jeux électroniques portables avaient alors le format d’un bouquin, on les glissait fastoche dans la poche pour pouvoir y jouer, même à la récré. Mais le problème, c’est qu’on ne pouvait y jouer que seul. Et qu’en plus il n’y avait qu’un seul jeu possible.
Alors Nintendo s’est penché sur la question, avec deux alternatives : développer la qualité de la machine, ou développer la qualité des jeux. Les deux options associées ne constituaient alors pas un business plan raisonnable. Minoru Akawa, alors président de Nintendo Of America, opte pour la deuxième solution. Il voit un fort potentiel dans un lancement accompagné du jeu Tetris.
Pour la consommation d’énergie, il décide d’associer une batterie sur secteur et des piles R6 pour une capacité de trente heures de jeu. Résultat : une console 8-bits, munie d’un écran LCD monochrome, un processeur CPU Z80 modifié. Pour les boutons : une croix directionnelle, deux boutons d’action, un select, un start et deux molettes pour les réglages de son et de luminosité.
Manque plus qu’à baptiser cette petite Rolls de gamers en noir et blanc. Et il est vite décidé que pour l’état civil, ce petit bijou s’appellera Game Boy ! Est-ce que ce nom prédestinait le jeu électronique aux garçons, et la cuisine aux filles ? Est-ce que Nintendo s’est rendu coupable ce jour-là d’un acte misogyne ? A priori non, le nom a été trouvé en réaction au Walk Man. Mais il est vrai que de nos jours, on aurait certainement choisi un pseudo un poil moins genré.
Bref, nous voilà rapidement le 21 avril 1989. Première mise en vente de la première Game Boy. Au Japon, puis aux Etats Unis, puis en Europe. Pour l’équivalent d’une centaine d’euros. Et c’est là que tout a commencé, pour toute une génération.
119 millions de machines écoulées, je n’ose même pas imaginer combien ça fait de piles utilisées pour enchaîner les disquettes de jeux, toute la nuit cachés sous la couette.
Alors bien sûr, la concurrence a rapidement balancé la Game Gear chez Sega, la Lynx chez Atari. Puis il y a eu la Game Boy Colour, la Game Boy Advance, la Game Boy Micro. Les piratages aussi, de la console comme de ses jeux, sans zonage ni protection du logiciel. Il y a eu les câbles links pour multijoueurs, la loupe Light Max pour tâcher d’améliorer un peu l’écran pourri. Des jeux par milliers, notamment les débuts des Pokémons, mais rien n’a jamais pu détrôner le modèle original, THE Game Boy.
Rien n’a jamais pu détrôner Tetris, bande son mythique pour ce casse-tête chronophage. Un jeu que j’avais éclaté à l’époque, grâce au temps libre accordé par une jambe dans le plâtre pendant les vacances.
Alors en mémoire de tous ces souvenirs et pour fêter ça, on écoute un petit bout de la bande son de Tetris !