Ce matin, on célèbre les 42 ans d’une œuvre majeure et je voudrais que vous sortiez les trompettes : on fête l’album “London Calling” de The Clash.
Un disque qui va naître sous la chaleur écrasante d’un mois d’aout, grâce à une bande de musiciens très concernés par la situation autour d’eux, celle de l’Angleterre sous Thatcher, celles des classes populaires écrasées, celle du Nucléaire sur le fil et plus largement par des jeunes qui regardent le 20ᵉ siècle droit dans les yeux.
Ces jeunes qui s’appellent Paul Simonon, Mick Jones, Joe Strummer n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils ont déjà sorti des disques, des maxi, fait parler d’eux, choqué avec des propositions radicales, séduit une jeunesse dont ils saisissent les combats. Mais ce disque-là, ça va être autre chose. Quelque chose d’encore plus flamboyant. Une bombe dans le rock anglais, une bombe dans le post punk, le ska, la new wave. Parce que The Clash les aiment, toutes ces musiques. Ils voient un lien fort avec le reggae, ils se sentent concernés par la ségrégation raciale et sociale. Surtout, ils lisent la presse et s’inquiètent de l’état du monde.
Mais au moment d’entrer en studio – inaugurant au passage un nouveau terrain de jeu, les Vanilla Studios à Pimlico – ils sont bloqués. L’inspiration ne leur vient pas. Peut-être qu’ils ont trop de choses à dire, peut-être qu’ils ne savent pas comment les dire, peut-être qu’ils n’osent pas. Alors ils s’enferment quasiment hermétiquement 18 heures par jour et ils digèrent tout ce qu’ils ont vécu.
Ils écrivent chacun à tour de rôle des trucs qu’ils constatent. Mais l’inspiration leur vient aussi quand ils sortent de studio, quand ils vont au pub, en manif ou qu’ils errent dans Pimlico. Et c’est ce savant mélange d’autarcie et de recul sur le monde qui fait ce disque. Ça et le talent fou des musiciens qui font partie du Clash.
Ils composent ce disque qui contient le tout Londres, et le tout monde aussi. Il y en a pour tous les goûts. Pour ceux qui veulent des histoires rebelles de sexe, pour ceux qui veulent des histoires bien écrites, des crises de foi, des souvenirs historiques. Avec un son qu’on n’a peut-être jamais entendu tellement il est métissé, sans œillère. Et ça marche. Surtout que c’est un double album et que le groupe tient à le vendre au prix d’un simple. Parce que c’est ça, être populaire, c’est penser à toutes et tous du début à la fin de l’œuvre.
Avec le temps, London Calling est devenu un disque emblématique, rebelle, romantique, référencé, original. Avec des morceaux comme “The Guns of Brixton”, “Lost in A Supermarket”, “London Calling”, “Spanish Bomb” et mon préféré je crois, “Train In Vain”, qui rappelle que quand ce disque sort, les gars du groupe ont même pas 25 ans. C’est un peu naïf, mais tellement cool.