Dans l’anniversaire du jour, les 11 ans de la compilation d’Highlife « Love and Death » de l’artiste ghanéen Ebo Taylor.
Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-12h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement.
Aujourd’hui, on fête les onze ans d’une compilation importante parce qu’elle nous a permis de découvrir un artiste à côté duquel on serait peut-être passé sans cela. C’est les onze ans de l’album Love and Death d’Ebo Taylor.
La carrière d’Ebo Taylor, elle, n’a naturellement pas commencé en 2010. Il est né au Ghana en 1936 à une époque où le highlife, ce style musical qui fait se croiser des percussions, des guitares, du calypso, du jazz, des fanfares, cartonne. Et pas uniquement en tant que musique qui fait danser, mais aussi en tant que musique qui fait réfléchir, au panafricanisme, à la société ghanéenne, à la place de la culture, et à la lutte pour l’émancipation. Le highlife devait d’ailleurs bientôt jouer un rôle dans l’élection de Kwame Nkrumah, père de l’indépendance au Ghana, lui qui considérera que la musique nationale du pays, c’est bien le Highlife.
Donc Ebo Taylor grandit dans ce climat musical et politique, mais un peu comme Fela au Nigeria, il s’intéresse aussi au jazz, à la funk, à ce qui se joue dans le monde entier. Et il décide d’intégrer ça au highlife qu’il adore. On a souvent dit qu’il était le modernisateur du highlife.
À vrai dire je trouve ça condescendant, le jazz et la funk ayant à peu près le même âge que le highlife. Mais en tout cas Ebo Taylor l’a métissé.
Et il est devenu à l’époque ami avec Fela ainsi que d’autres stars ghanéennes de l’époque comme C.K Mann. Il collabore avec eux et sort ses albums solo pendant des années.
En 1984, alors que le succès n’est pas vraiment venu en son nom propre, il décide de se consacrer à sa carrière d’arrangeur et de producteur. Et les choses auraient pu s’arrêter là.
Sauf qu’en 2008, tout redécolle pour Ebo Taylor, sans doute par le hasard d’un collectionneur de disque, ou d’un curieux qui sait où trouver les trésors de la musique.
Le rap américain découvre son catalogue, Usher le sample, et puis surtout le label Strut Records lui propose d’enregistrer un album avec un orchestre d’afrobeat de Berlin. Ce disque, qu’on célèbre aujourd’hui, s’appellera Love And Death. Et quand il sort en 2010, c’est enfin la reconnaissance pour Ebo. Des diggers, des fans de highlife, des amateurs de jazz le découvrent enfin à 75 ans.
J’ai demandé à Bintou Simporé pour savoir depuis quand on jouait Ebo Taylor à Radio Nova et il semble qu’on l’ait découvert quelques années auparavant, en 2002, grâce à la compilation Ghana Soundz sorti cette même année, mais il n’empêche que c’est bien cette compilation Love and Death qui a fait circuler son nom dans le monde entier
Grâce à ça, ses albums ont été réédités, il a inspiré une nouvelle génération de musiciens, et apprécié je crois ce succès.
Nous aussi on est ravis de l’avoir découvert
https://www.youtube.com/watch?v=19SLUVaOfCs&feature=emb_title
Visuel © pochette de l’album Love And Death par Ebo Taylor