Ce matin l’anniversaire nous permet d’honorer une sacré musicienne trop peu connue de notre côté des frontières : c’est Mitski et son disque « Puberty 2 » sorti en juin 2016.
Mitski c’est une rockeuse américano-japonaise, qui a beaucoup voyagé dans sa jeunesse, qui a été à force de déracinements obligée de se construire une forteresse par la poésie et la musique et qui surtout se sert de l’art, de sa voix, pour dire des choses qu’on n’entend pas tout le temps. Elle est grunge, mais aime chanter sa timidité, elle est ultra puissante mais raconte ses ombres, ses dépressions, son anxiété chronique.
Et comme ce qu’elle fait est plutôt très sensible, et ça aurait pu avoir une audience confidentielle tant elle trace son chemin singulier mais en 2016 elle sort ce disque génial qui va avoir un succès fou, notamment grâce à son single « Your best American Girl » qui par son clip se moquait de l’esthétique country, de la culture white trash américaine, etc. Et plus généralement parce que cet album là il est de la trempe des journaux intimes dans lesquels tout le monde arrive à se reconnaître. Elle chante parfois le très banal, presque l’insignifiant, mais elle y met tellement de coeur, et de voix, et de sens – que tout est très réel. En plus elle se marre avec les distorsions de sa guitare, avec des instrus indie perchées, avec des mélodies emo. Bref, ce disque est assez dingue, et il était surtout annonciateur d’une vague qui allait venir : d’une génération qui n’a pas honte de ses vulnérabilités, qui pense le soin de manière collective, et qui est extrêmement cultivé musicalement.
On écoute la plus belle ballade de l’album : « Thursday Girl ».
Visuel © Puberty 2