Aujourd’hui dans l’anniversaire du jour, on fête les 2 ans du troisième album studio d rappeur californien Earl Sweatshirt
Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-13h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement.
Aujourd’hui, on célèbre un drôle d’album, qui dure à peine 24 minutes. L’œuvre d’un rappeur qui a décidé de ne pas se plier au diktat des tubes, des morceaux qui durent 3 minutes 30 pour passer à la radio, des mixtapes qu’on adore et qu’on oublie tout aussi vite.
Il y a deux ans sortait le projet Some Rap Songs d’Earl Sweatshirt, un disque difficile à comprendre avant que l’on comprenne que c’est un projet authentiquement artisanal. Earl Sweatshirt, on l’a connu jeune, dans le collectif Odd Future, celui de Tyler the Creator ou Frank Ocean.
On l’a connu un peu foufou, avec des histoires de famille, il a pendant quelques temps cessé de faire du rap, sa mère l’ayant exilé aux Samoa pour essayer de le remettre dans un chemin qu’elle trouvait droit. Et puis on l’a découvert très indépendant, montant son propre label, s’émancipant de son collectif, collaborant avec des pointures, rêvant parfois de devenir une star du hip-hop et à d’autres moments disparaissant de la scène à nouveau.
Un album artisanal, plein de références oldschool et de samples recherchés
Et donc en 2018, il revient après trois ans de relatif silence avec cet album : Some Rap Songs, soit « quelques chansons de rap ». Et le fait est que c’est exactement ça ce projet. Quinze titres éparpillés, collés les uns à côtés des autres, sans grande cohérence, ni construction logique. Il ne faut pas chercher un sens, une narration, un grand message derrière ce disque, sinon celui de l’ethos d’Earl Sweatshirt, qui ne fera plus jamais les choses comme les autres.
Dans cet album, il n’y a aucun vrai tube, aucun morceau qui excède 2 minutes 45, pas de refrain accrocheur, et pourtant il y a mille autres choses. Un monde très noir, des samples très recherchés, un tissu de références oldschool et une modernité dans l’ultra lucidité.
Comme les morceaux sont courts, je vais vous en jouer deux. Le premier, c’est mon préféré, le dernier, une pure instru qui sample le génial trompettiste sud-africain Hugh Masekela. Et c’est un hommage au père d’Earl, disparu la même année qu’Hugh Masekela, ami du musicien, et militant sud africain contre l’apartheid qui a dû fuir son pays.
Et le morceau s’appelle « Riot ! ».
Le deuxième morceau, où Earl rappe cette fois s’appelle « Shattered Dreams ». On y entend James Baldwin en ouverture, et c’est l’une des pistes que nous donne le rappeur pour nous introduire à son monde, à sa culture, et aux œuvres qui l’ont formées.
Visuel © pochette de Some Rap Songs par Earl Sweatshirt