On fête aujourd’hui les 45 ans d’un album fou, à tous les niveaux : “Songs in the Key of Life” de Stevie Wonder, qui sortait en 1976.
Pour vous dire l’immensité de ce disque, je peux évidemment évoquer la qualité de production de chacun des morceaux, leur précision, leur efficacité, la rigueur avec laquelle ils ont été pensés et composés, mais je peux aussi vous citer quelques chiffres marquants.
En 1975, Stevie Wonder a 25 ans seulement et déjà des millions d’albums vendus. Son nom est l’un des plus prestigieux de la musique à l’époque, surtout qu’en plus d’être un showman, Stevie Wonder est un interprète, un producteur, un réalisateur, un artiste extrêmement complet qui fait tout et qui, en plus, se pose des questions.
À 25 ans, ça fait quasiment 15 ans que Stevie Wonder a mis un pied dans l’industrie musicale. Alors il est las, il a d’autres envies, notamment celle très forte de faire un voyage initiatique au Nigeria et au Ghana, où il veut s’engager pour aider des enfants handicapés. Mais son label, la Motown, ne voit absolument pas les choses de cette manière-là. Ils sortent alors le plus gros contrat de l’histoire de la musique et l’équivalent de 177 millions de dollars actuels et font promettre à Stevie Wonder qu’il ne va pas partir, ni arrêter la musique pendant au moins 7 ans et qu’il va sortir avec eux encore 7 disques. Le musicien accepte, à condition d’avoir un contrôle artistique total sur son œuvre, qu’il soit seul à décider de sa direction musicale, des musiciens avec qui il veut travailler et qu’il ait le temps de faire les choses à son rythme.
Pour ce disque extrêmement attendu, Stevie Wonder va prendre 2 ans qu’il va occuper pleinement. Il compose, teste, travaille et retravailler ces morceaux sur lesquels il convie Minnie Ripperton, George Benson, Nathan Watts, Herbie Hancock, Dorothy Ashby, etc.
Ils sont 130 musiciens exceptionnels à être convoqués pour cette grande messe, et alors que le public perd patience, Stevie et sa bande préfèrent en rire et prendre leur temps. Ils sortent même des t-shirts avec inscrit “We’re Almost Finished” c’est-à-dire : on y est presque.
Et tout ça vaut le coup, l’album est exceptionnel. Quand il sort, tout le monde est époustouflé par l’aboutissement de cette œuvre, son efficacité, son impeccable production et son implacabilité. C’est là qu’on entend “Pastime Paradise”, “Sir Duke”, “Isn’t She Lovely”, “As”, “I Wish” et “Ordinary Pain”. L’influence de ce disque est immense. Il a été mille fois considéré comme le meilleur disque des années 70, voire du 20ᵉ siècle, il était le préféré de Prince, il a changé la vie de milliers de groupes et Stevie Wonder le considère lui-même comme son préféré.
Bon anniversaire à ce chef-d’œuvre qui confirme que le temps fait tout à l’affaire, qu’il faut prendre le temps de faire les choses bien.
Et si vous voulez aller plus loin, sachez que Frédéric Adrian a écrit la meilleure – et la seule aussi – biographie francophone de Stevie Wonder. On vous la superconseille !