Ce matin on fête le 5ème album des Talking Heads, « Speaking In Tongues », un disque coloré, pop, lumineux sorti en mai 1983.
Un disque où l’on croise David Byrne, Tina Weymouth, Chris Frantz et Jerry Harrison et puis c’est tout. Enfin il y a d’autres musiciens, mais le producteur Brian Eno n’est plus dans l’équation. Lui qui à la fin des années 70 a pris sous son aile le groupe, et notamment David Byrne qui s’est laissé charmé par ce gourou du son qui a quelque peu imposé sa patte au reste du groupe.
Au point que certains se sont lassés de ce déséquilibre, ou de cette hypnose – et que le collectif en a souffert. Tina et Chris se sont mariés, et en 1981 décident de monter leur propre groupe, un side project, Tom Tom Club avec lequel ils prennent le parti de jouer sur la douceur et la pop.
Et puis finalement en 1982, les Talking Heads renouent et s’envolent notamment pour les studios de Compass Point, à Nassau dans les Bahamas où par une sorte d’alchimie inattendue, la bande va se retrouver. David Byrne affirme sa voix, son chant si distinctif. Le sens de la pop et de l’efficacité des Tom Tom Club va infuser sur le disque et le reste des musiciens (Wally Badarou et Bernie Worrell tout de même) va faire tout le groove, tout le funk de cette œuvre inqualifiable et inoubliable.
Certes, les Talking Heads y expérimentent moins de choses, mais arrivent à faire un disque si populaire, accessible et pointu à la fois que ça ne peut que s’applaudir. Beaucoup vont d’ailleurs s’initier au groupe par ce disque, ou par le film de la tournée qui suit : filmée par Jonathan Demme, et sorti sous le nom Stop Making Sense.
Pour info, le nom du disque Speaking In Tongues, désigne l’art de la glossolalie, c’est-à-dire d’enchaîner les mots et les sons qui ne veulent rien dire. Et ça permet de comprendre l’état d’esprit du groupe qui privilégie la forme, au fond, le groove à l’intellect. Qui cherche la transe quasi-religieuse, et qui érige un petit autel de la pop où il fait bon prier.
Visuel © Speaking In Tongues