Pour cette journée spéciale consacrée à Bob Marley, écoutons et parlons un peu du tout dernier album paru de son vivant. Le merveilleux « Uprising » sorti un 10 juin 1980, un disque qu’on aurait tort d’écouter seulement comme une œuvre testament, tant il a été composé avec fougue et avec une envie débordante.
C’est d’ailleurs ce qui fait la force de ce disque, il est plein d’idées lumineuses. Bob Marley veut tenter des choses, il veut se frotter au marché américain, il est prêt à tester des sonorités proches du disco, proche de l’afrobeat. Il rentre d’ailleurs du Zimbabwe, et du Brésil, deux voyages qui l’ont durablement, musicalement et spirituellement marqué. Alors entre janvier et avril 1980, il s’enferme dans les studios de Tuff Gong, écoute les conseils de ses proches, et compose avec les Wailers, les frères Barrett, Junior Marvin, Al Anderson et Tyrone Downie cet album qu’il imagine comme le second d’une trilogie.
Mais Bob Marley, qui est à l’apogée de sa carrière, et aussi à l’aube de sa vie, il se sait fatigué, il se sent déjà ailleurs. Il est plus mystique que jamais, s’adresse aux foules qu’il espère libres, essaie de concilier son âme révolutionnaire et ses aspirations de conquête musicale. Et il mourra d’ailleurs moins d’un an après sa sortie.
Reste que quand Uprising sort, Bob Marley qui est déjà couronné partout ailleurs dans le monde, trouve le succès aux États-Unis grâce à « Could You Be Loved ». Et plus que ça, il surprend celles et ceux qui sont déjà complètement chamboulés par sa voix et son monde. Parce que c’est un album qui contient des hymnes politiques, des appels à l’insurrection, des balades amoureuses, et ce titre-là qu’on va écouter et qui ne ressemble à aucun autre : « Redemption Song ».
Un titre qu’il enregistre seul, avec sa guitare, dans lequel il adapte les discours de Marcus Garvey, grand militant orateur panafricaniste. C’est un peu Bob Marley face à ses peurs et sa mystique. C’est la dernière piste de ce dernier album et c’est une merveille.
Visuel © « Uprising » de Bob Marley