On célèbre un album dont le titre a longtemps été le plus long nom d’album jamais sorti : “When The Pawn”, suivi de 400 caractères, soit 90 mots. Une prouesse réalisée par la brillante Fiona Apple en 1999.
Si je ne compte pas me risquer à vous écrire en intégralité le nom du disque – de peur que vous vous endormiez d’ennui – je peux vous dire tout le bien que je pense de ce disque et de cette musicienne, qui sont chacun à leur manière hors du commun.
Elle est une musicienne américaine, qui a un pied à New York, un pied à Los Angeles et surtout une telle liberté de pensée qu’elle est un peu nulle et part et partout à la fois. Sa formation musicale est classique, ce qui ne l’empêche pas à 17 ans de sortir un premier disque qui sent très clairement la liberté, d’ailleurs il est acclamé pour ça, il la projette aussi violemment dans le cirque médiatique et dans la jungle de l’industrie musicale. En 1999, elle sort ce second disque qui est aussi un grand succès.
Mais ce qui est brillant avec elle, en plus des compositions, des textes, des mélodies, de l’esthétique, c’est ce pourquoi elle se sert de la musique : pour dessiner des paysages qui n’existent pas encore, des balades en mer, des machines extraordinaires, des aventures, de l’intimité domestique, grâce auxquelles elle s’échappe de la réalité, celle dans laquelle elle a été violée à l’âge de 12 ans. Si je me permets d’en parler, c’est parce qu’elle aussi l’évoque, pour dire qu’un viol n’a rien d’inspirant, mais qu’il développe des traumatismes desquels elle tente de s’échapper par le sensible.
Fiona Apple est devenue adulte très jeune, mais a toujours cherché, dans sa musique, à ne rien perdre de l’innocence créative qui fait sa puissance.
Je vous conseille sa voix, son imaginaire, son dernier album. Celui-ci fête ses 22 ans ces jours-ci, un album produit par Jon Brion (qui a bossé avec Rufus Wainwright, Of Montreal, Mac Miller et Frank Ocean).