Un mot qui a déjà quelques années, mais qui refait surface à la faveur de l’apparition d’une application qui s’est auto-proclamée l’anti Instagram : c’est Dispo. Le principe de Dispo : faire des photos floues un peu ratées, mal cadrées et ne les découvrir que le lendemain du jour où on les a prises.
Le créateur de Dispo est un youtuber américain déjà extrêmement suivi. Il avait remarqué que lui et ses amis avaient pris pour habitude d’acheter des appareils photos jetables pour quelques événements, histoire d’avoir le bonheur de découvrir plus tard des photos prises sur le vif, pas retouchées, pas toujours cadrées avec – si on a de la chance – un détail rigolo en arrière plan. L’application, pour l’instant seulement disponible sur Iphone, pousse le mimétisme assez loin puisqu’elle ajoute aléatoirement aux photos des défauts d’exposition ou de grammage. Des photos auxquelles on ne peut pas rajouter de filtre – ni avant ni après – et qu’on ne peut pas avoir instantanément. Elles s’ajoutent à ce que l’appli appelle des Rolls – en français, des pellicules – qu’on peut alimenter collaborativement.
L’appli fait un carton. Comme Clubhouse, vous ne pouvez l’avoir que si on vous invite et la semaine dernière nous dit Le Monde qui y consacre un article, elle est arrivée septième sur la liste des appli les plus populaires en Amérique. Il s’agit donc pour résumer, d’une application qui vous fait croire que vous avez acheté un appareil photo jetable et il y a derrière ça, un certain ras le bol de l’esthétique ultra léchée, à la limite du kitsch d’Instagram, des heures passées à triturer une photo, à penser à sa légende avant de la poster…
Et derrière ça aussi, le nouveau mot que je vous ai promis : c’est la technostalgie alias la nostalgie des trucs tech’ mais à l’ancienne. Je vous parle des anciennes consoles de jeu qui peuvent se revendre à prix d’or, je vous parle aussi des souvenirs qui remontent à la surface quand vous entendez le doux son d’un modem 56K qui se connecte ou une cassette en train de se rembobiner. La technostalgie ou la mémoire déjà mélancolique de l’homme face à une technologie qui va beaucoup trop vite pour lui.
Crédits : Guille Faingold via Stocksy