La très belle fête que constituait l’Astroshøw des 22 et 23 juillet derniers appelait la rebelote, le bis repetita joyeusement placé, du tac au tac. Initiateur de l’opération, le collectif L’Astrodøme a senti le coup et décidé de doubler la mise, sur la rive droite bordelaise cette fois-ci, Quai Deschamps.
Le vendredi 5 août, c’est d’abord les Toulousains de Karkara qui entreront en action ; un trio basse, batterie et tantôt guitare, tantôt didgeridoo (mais oui !), pas venu pour trier les lentilles ou les haricots, mais bien davantage pour souffler le chaud, voire le très chaud, avec leur stoner psyché aux acidités maghrébines, entrée plein désert et fuzz à tous les étages dans leur Nowhere Land, se réclamant de King Gizzard comme du ténor et oudiste tunisois Lofti Bouchnak.
Suivra, toujours à haute altitude, l’escouade batave des Cloudsurfers, adeptes d’un garage-punk 100% Esprit-de-Fête, mêlé à du surf-rock repiqué sur les collections de 45 tours de Tarantino période Pulp Fiction. Une rampe de lancement à enquiller sans toucher aux manettes de frein, trajectoires au cordeau, avant de mettre le cap sur le set des Psychedelic Porn Crumpets. Sociétaires du label Marathon Artists (où sont passés leurs illustres compatriotes Pond, Jagwar Ma ou Courtney Barnett), ce quintet de Perth bouscule les petits rangements et les cases étriquées : les riffs heavy viennent strier les mélodies pop, le grunge gobe buvard sur buvard, les droïdes remisés au garage tournent en hypervitesse pour trouver Dieu dans des coeurs-de-boeufs. C’est barré à souhait, validé par la Mecque du psyché (le festival Levitation d’Austin, Texas), un pied dans l’outback, l’autre dans le cosmos ; des figures très libres, tape-à-l’oeil et au tympan qui ont de quoi en désarçonner plus d’un.e.
Et dire qu’il y aura aussi le set dark disco de Joe Lewandowski pour ponctuer tout ça … Vous êtes loin d’être au bout de vos sensations fortes.
Et le samedi 6 août, alors, jour de naissance du regretté Elliott Smith et du World Wide Web, qui donc montera à bord du vaisseau ? Tout d’abord, des artistes qui n’auront pas à souffler d’un jet-lag trop prononcé, puisqu’iels viennent de la région, en l’occurence les Angoumoisins de Purrs (venant suppléer la défection volontaire de Teeth) et les sorciers noise-punk de W!zard, bien décidés à vous faire un sort, façon Idles ou Fugazi.
Pour la suite, c’est The Haunted Youth qui s’autoriseront à sauter par-delà le Quiévrain pour ajouter ses bonnes ondes dream-pop à la réussite de cette entreprise. Laquelle sera couronnée ensuite par les orbes sombres de Sydney Valette, confrère du local hero Perez ou de l’Arne Vinzon croisé au dernier Chahuts ; Sydney Valette, gardien d’un donjon synthwave à l’architecture épurée, dont les chansons graves et pince-sans-rire d’outsider sauront résoudre par l’évidence le dilemme qui assaillait, il y a quelques décennies, les Allemands EBM de Liaisons Dangereuses : être assis ou danser ? Mais danser, bien sûr – danser, danser encore, tard dans le noir, sans renier la mélancolie.
Ça c’est de la constellation. Plutôt de l’Oiseau de Paradis que du Bouvier, vous ne croyez pas ?