Septembre n’est pas qu’une jolie chanson d’Antonin Appaix – sur son album à venir, guettez ça chez Cracki. C’est aussi un mois où L’Astrodøme ira tambour battant sur la dernière ligne droite de leur programmation Open Air, vif et scintillant comme un pilote Mario Kart qui aurait boulotté une étoile d’invulnérabilité. Attention, n’allez pas surinterpréter cette image : ce n’est pas sur la Plage Cheep Cheep ou à la Descente Givrée que tout ceci aura lieu, mais bel et bien aux Vivres de l’Art.
C’est là-bas qu’il faudra vous rendre, le jeudi 15 septembre, pour découvrir le projet commun des Toulousains de Slift et d’Étienne Jaumet. Deux amoureux de l’esthétique Métal Hurlant : quand les uns dupliquent sur la pochette d’Ummon le guerrier mystique cher à Caza, c’est Druillet qui dessine l’artwork des deux derniers albums de Zombie Zombie. Ça donne déjà une petite idée de là où on met les pieds. Mais même avec cet avertissement en tête, il y aura de quoi être désarçonné au niveau des appuis par les trajectoires de ce voyage space-rock, bouleversant, acide ; une Entreprise inouïe, pilotée par des heavy-rockeurs fumants comme une marmite de cassoulet et un saxophoniste intrépide, champion du label Versatile et habitué des collaborations de haut vol – Laurent Bardainne, Gilbert Artman ou Fabrizio Rat.
Dévoilée au printemps devant les festivalier.es du Roadburn, le travail à huit mains de Slift et Jaumet malaxera nouveaux morceaux, emprunts à leurs répertoires respectifs et improvisations joueuses, féroces, prolongeant les peak times, rameutant la lancinance rectiligne du krautrock, les synthèses jazz, le psychédélisme souffré, les martèlements rythmiques qui clouent les imprudents nus aux poteaux de couleurs. Une ivresse tout sauf bateau.
Une semaine plus tard, après les premières parties assurées par Aquarama et Lemon Rose, c’est Papooz, le duo conduit par les tout juste trentenaires Ulysse Cottin et Armand Penicaut, qui fera tinter ses inspirations californiennes – la folk du Laurel Canyon, les Beach Boys, Steely Dan, Paul Williams, Randy Newman – dans le quartier Bacalan.
Tournures chiadées façon rétro-pop 70s, yacht-rock baignant en eaux pacifiques, coolitude sans avoir l’air d’y toucher et langueurs solaires : des ingrédients qui font le sel et la couleur de leur dernier album None of This Matters Now. Un disque sensible, plaisant, chatoyant qu’ils nous ont déjà présenté en live, au Krakatoa, en mai dernier lors de la Tournée Océane, mais auquel ils octroieront une bienheureuse rebelote, histoire d’offrir quelques prolongations à la dolce vita vacancière et transformer le parvis de la rue Achard en jardin enchanté – pour « s’amuser dans le grand désordre de notre époque ».
Que vous soyez plutôt explorateur.rice farouche des galaxies (é)perdues, esthètes promenant votre mélancolie au sunset qui matche, ou les deux mon capitaine, l’Astrodome a en tout cas, dans sa manche, de quoi formuler de belles manières de conclure l’été, d’apporter une note d’agrément supplémentaire à cette rentrée qui, ici, ne manquera pas de classe.
L’Astroshøw Open Air, les 15 et 22 septembre @ Vivres de l’Art (Bordeaux).