Par Alexis Breton de Nova Production.
Bonjour tout le monde,
Cher Armel, il est de notoriété publique que vous possédez une des plus belles voix du paysage radiophonique français.
Mais en Colombie, vous êtes sérieusement concurrencé par une émission qui met en vedette le chant d’un toucan.
Cela se passe dans la région amazonienne de Leticia.
Depuis le printemps dernier, l’ONG synergias anime une émission destinée aux populations autochtones, afin de les tenir informer des dernières nouvelles concernant la pandémie de covid-19.
Diffusée en espagnol mais aussi en dialectes locaux, ce programme, qui s’appelle “le chant du toucan”, a probablement permis de sauver des dizaines voire des centaines de vie.
Cette émission s’est en effet révélée indispensable pour expliquer les dangers du virus dans ces régions très isolées et qui ont été fortement impactée par la crise sanitaire.
Qu’est-ce que le coronavirus ? Comment l’attrape-t-on ? Quelles sont les recommandations quand on sort de la réserve ?
Ces questions qui nous paraissent évidentes aujourd’hui, (encore que ça se discute…), le sont beaucoup moins pour des populations qui vivent très largement coupées du reste du monde.
Dans l’émission, des leaders indigènes, mais aussi des médecins et de simples habitants diffusent les dernières recommandations des autorités sanitaires. Des messages proches des préoccupations quotidiennes des populations amazoniennes.
Dans le chant du toucan, il n’est pas question de la fermeture des bars ou des restaurants, mais de la nécessité de ne pas se rassembler lors de fêtes religieuses, ou bien de ne pas partager sa calebasse ou encore de ne pas piocher dans les réserves de poudre de coca de ses amis.
Selon l’ONG Sinergias, l’émission touche un large public dans la région et a permis de sensibiliser de nombreuses personnes aux dangers du virus et cela jusque dans les villages les plus isolés.
Il faut savoir qu’au début de la pandémie, le sort des populations autochtones a été très largement ignoré des autorités des différents pays amazoniens.
Alors que tous les habitants étaient invités à se confiner, une majorité d’autochtones ne savait même pas qu’un virus dangereux circulait.
Un défaut d’information qui a eu des conséquences dramatiques
Au Brésil et en Colombie, le nombre de victimes parmi ces populations se chiffre en plusieurs centaines, parmi lesquelles des grands chefs communautaires.
Dans la région de Leticia en Colombie, depuis la création de la radio, les contaminations sont maîtrisées. D’ailleurs le chant du Toucan marche si bien, que plusieurs départements voisins ont annoncé leur intention de diffuser l’émission à leur tour.
Une bonne nouvelle pour les peuples autochtones qui peuvent se sentir représentés et écoutés pour la première fois depuis le début de la crise.
Alors maintenant vous vous demandez peut être pourquoi cette émission s’appelle le chant du toucan ?
En Colombie, comme le veut la sagesse populaire, le toucan est un animal porteur de nouvelles pour ceux qui veulent bien l’écouter.
Tous les jours, juste avant le coucher du soleil, le toucan communique par son chant les menaces ou la quiétude auxquelles peuvent s’attendre les animaux et les êtres humains.
Selon cette sagesse… si l’oiseau chante trois fois, cela veut dire que tout ira bien le lendemain.
Mais si le volatile ne chante qu’une fois, cela signifie au contraire que tous les êtres doivent se tenir sur le qui vive, parce qu’un danger rôde dans les environs.
Pour terminer cette chronique je n’ai malheureusement pas de chien qui a le don d’imiter un toucan mais je vous propose de nous quitter avec cette chanson de de Kunumi MC, un rappeur indigène brésilien, qui se bat contre les injustices qui touchent les communautés autochtones en Amérique du sud.
https://www.youtube.com/watch?time_continue=69&v=cT7ZXxAMetY&feature=emb_logo
Credit photo – Twitter @CarolineRooseEU