Entre France et Brésil, focus sur la bande son d’un film au “bouillonnement musical” inouï
Dans ce Classico, la journaliste Véronique Mortaigne commente la bande son du film Orféu Négro, de Marcel Camus sorti en 1959. Palme d’Or du festival de Cannes la même année, et Oscar du meilleur film étranger en 1960, ce film nous plonge dans une histoire d’amour à Rio, au moment du carnaval, entre une réincarnation brésilienne d’Eurydice et d’Orphée, conducteur de tramway le jour et artiste adulé la nuit. Un film franco-brésilien, adapté de la pièce de théâtre Orfeu da Conceiçao, dans lequel on y trouve un “bouillonnement musical”.
Extrait :
“L’aventure Orfeu da Conceçao est la pierre angulaire de la révolution bossa nova, bientôt officialisé, en 1958, à la parution de l’album Chega da Saudade de Joao Gilberto. Les orfèvres de la bossa sont partageurs et font groupe, d’autant que Marcel Camus fait jouer la concurrence, ajoutant au casting originel des pionniers de la transmutation de la samba : Roberto Menescal, Antonio Maria, Joao Gilberto, et ici, le compositeur et guitariste Luis Bonfa ou le parolier Antonio Maria, auteur de ce Manha de Carnaval, qui, dans le film, est décliné à l’envie, devenant le fil rouge de ce drame gréco-carioca. La chanson revient comme un thème lancinant, mêlé aux dialogues, parasité par les batteries des écoles de samba, les rythmiques du candomblé ou encore délivré en toute pureté par trois notes de guitare…”