En 1990, la compilation « Rapattitude » lançait la carrière de l’un des reggaemen les plus connus de l’hexagone.
Chaque semaine, le Néo Géo de Bintou Simporé vous propose de réécouter ou de découvrir une chanson emblématique de l’histoire des musiques actuelles : c’est le Classico de Néo Géo. Cette semaine, le deejay et chroniqueur Judah Roger revient aux sources du reggae à la française avec le morceau « Peuples du monde » de Tonton David.
Année 1990. En France, on en est encore aux prémices de ce que l’on va appeler, plus tard, les « musiques urbaines ». C’est à ce moment-là que sort le morceau « Peuples du monde » de Tonton David. Bob Marley n’est pas mort depuis dix ans que Benny Malapa a déjà l’idée d’une compilation, Rapattitude, qui regroupe les deux courants musicaux du moment, le rap et le reggae, ou plutôt, une version plus rapide du reggae, qu’on appelle à l’époque le « raggamuffin », c’est-à-dire « débrouillard » en patois jamaïcain. En guise de débrouillardise, Benny fait appel, entre autres, à Tonton David. Le cocktail est explosif : un peu loulou sur les bords, beau gosse, la tchatche et le bagout, il n’a pas son pareil pour raconter les histoires du bitume.
Tonton David nous pond donc « Peuples du monde », une présentation du reggae à la française avec une intro empruntée à Marcus Garvey, l’un des pères du panafricanisme. Direct, ça tape dans le mille, diffusion radio et clip télé, le tonton met la France aux couleurs rouge jaune vert. Rythmique entraînante, grosse basse bien ronflante et lyrics adéquats : la formule du hit. Son tour de passe-passe est hyper efficace il transforme un texte revendicatif anti-système et anti-raciste en une ritournelle bon enfant.
On peut donc dire que Rapattitude a lancé la carrière de l’un des reggaemen les plus connus de l’hexagone, et à populariser un genre. Benny a eu le nez fin. D’ailleurs c’est marrant, car l’autre français vedette du même style, Pierpoljak, avait aussi, initialement, un morceau de prévu dans la tracklist de cette compile. Mais il en a été évincé après s’être fait balancer par un pote pour vol de micro…
Le succès étant ce qu’il est, Tonton David intéresse une grosse maison de disques (Virgin), qui lui produit l’album Le blues des racailles, un disque sur lequel on recolle évidemment son récent tube du moment. L’album tourne à plein régime dans les radiocassettes de la jeunesse, bien aidé par ce hit, « Peuples du monde », qui porte bien son nom. Fort de ce début en fanfare, David, en homme du peuple, parcourt depuis le monde grâce à sa musique.
Un article d’après la chronique de Judah Roger dans le Néo Géo du dimanche 22 septembre, en podcast.
Visuel © pochette de Peuples du monde de Tonton David