La légende de la chanteuse capverdienne, raconté par Patrick Labesse.
Chaque semaine, le Néo Géo de Bintou Simporé vous propose de réécouter ou de découvrir une chanson emblématique de l’histoire des musiques actuelles : c’est le Classico de Néo Géo. Cette semaine : « Sodade » de Cesária Évora. Et c’est notre confrère Patrick Labesse qui nous le raconte.
« Sodade », bien sûr, c’est le titre fétiche et le plus gros succès de la chanteuse, monument de la morna capverdienne, ce blues îlien aux origines incertaines, né vraisemblablement au XIXe siècle à Boa Vista, une île de dunes au climat désertique. Le morceau sort en 1992 sur l’album Miss Perfumado, un album qui fait de Cesária Évora la première femme africaine à vendre autant de disques à travers le monde (plus de 500 000 exemplaires vendus, dont 200 000 en France).
La réputation toute entière de la chanteuse se base sur cette chanson très politique, qui évoque (« Quem mostra’ bo esse caminho longe ? / Quem mostra’ bo esse caminho longe ? / Esse caminho pra São Tomé ? ») le travail forcé organisé par le pouvoir colonial portugais, obligeant des Capverdiens à travailler dans les plantations de cacao de São Tomé et Princípe, autre île africaine occupée par Lisbonne. Écrite par Luis Morais et Amandio Cabral, le « Sodade » de Cesária Évora est une reprise du chanteur angolais Bonga, qui l’interprétait en 1974 sur son album Angola. Bonga était alors signé sur le label Morabeza Records, créé en 1965 à Rotterdam par Djunga D’Biluca.
Un article issu de la chronique de Patrick Labesse pour Néo Géo. Une émission à réécouter en podcast.
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