Yann-Fañch Kemener, passeur éminent du chant breton, est mort le 16 mars à Trémeven à 61 ans. Patrick Labesse consacre le Classico de Néo Géo de la semaine à son « Tri Martolod », qu’il a, comme beaucoup d’autres chanteurs bretons, interprété.
Yann-Fañch Kemener, passeur éminent du chant breton, est mort le 16 mars à Trémeven à 61 ans. Patrick Labesse consacre le Classico de Néo Géo de la semaine à son « Tri Martolod », qu’il a, comme beaucoup d’autres chanteurs bretons, interprété.
Yann-Fañch Kemener, c’était indéniablement l’une des trois grandes voix vivantes du chant breton, avec Erick Marchand et Denez Prigent. Infatigable passeur de la poésie et de la langue bretonne, il chantait la gwerz (complainte), le kan-ha-diskan (chant à danser), des ballades et des berceuses. Le Breton était le fil rouge de sa vie, de sa carrière, sa langue maternelle.
« La transmission s’est faite naturellement », précisait le chanteur, évoquant sa famille à Sainte-Tréphine où il est né Jean-François Quéméner le 7 avril 1957. Du côté maternel comme du côté paternel, on chantait et dansait dans les fest-noz, et très rapidement, on le fait avec Jean-François, qui assiste à son premier fest-noz à l’âge de quatre ans. Monté sur scène très tôt, il publie à vingt ans son premier disque, Chants profonds de Bretagne (chez Arion). Deux autres volumes suivront. L’Académie Charles-Cros lui décerne en 1982 le grand prix du Patrimoine pour les trois albums. En 1988, il fonde le groupe expérimental Barzaz, puis enchaîne créations et spectacles, avec Anne Auffret, Kristen Noguès, Jean-Louis Le Vallégant, le groupe Skolvan.
Il aimait à évoquer aussi ceux qu’il désignait comme ses « formateurs et informateurs », auprès desquels il allait collecter, apprendre et apprendre encore des mélodies et les vibrations de la langue de Bretagne, des bouts ou des pans de mémoire.
Son Breton était extraordinaire
Erik Marchand, autre voix majeure du chant breton, louait pour sa part la perfection de son « vieux complice », qu’il considérait comme « l’un des meilleurs connaisseurs » de la langue bretonne.
« Son breton était extraordinaire », renchérit Denez Prigent, lui aussi grand « collègue » du chant interprété en langue bretonne. « Il avait une tessiture, une technique et une diction remarquables, rappelant celles des vieux chanteurs tout en étant à la fois très personnelles et modernes. Avec d’autres chanteurs, comme Arnaud Maisonneuve, Madame Bertrand, Marie-Josèphe Bertrand (1886-1970) ou Erik Marchand, il m’a ouvert le chemin. »Dans ce Classico, on écoute son interprétation de « Tri martolod » (trois matelots en Breton), avec Didier Squiban au piano, chanson traditionnelle bretonne rendue célèbre par l’interprétation, l’arrangement et les enregistrements faits par Alain Stivell, grand défenseur lui aussi de la langue bretonne. « Tri martolod », le morceau fut créé par un Breton marin-pêcheur (ou plusieurs), vers le XIXe siècle, et constitue l’une des plus fameuses rondes à trois pas du répertoire Breton.
Le Néo Géo du dimanche 24 mars, c’est en podcast.
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